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« Père, donne moi la gloire! », Père D. Janthial | 7E DIMANCHE DE PÂQUES | 24/05/2020



Ce septième dimanche de Pâques qui se situe entre l’Ascension et la Pentecôte pourrait s’appeler comme le quatrième dimanche de l’Avent : Dimanche de l’Attente, Expectation Sunday, disent les anglais. Dans un cas, nous attendons la naissance du Christ, dans l’autre la venue du Saint Esprit en nos âmes qui est comparé dans l’entretien de Jésus avec Nicodème à une nouvelle naissance, celle de l’autre Christ que devient le chrétien lorsqu’il le reçoit. Et comme les anges chantaient dans le ciel de Bethléem : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux », les lectures d’aujourd’hui ne cessent de nous parler de « gloire ». Or en ce 7e dimanche de Pâques de l’an de grâce 2020, l’Église de Belgique est dans l’expectative. Va-t-on pouvoir célébrer la Pentecôte dans nos églises ?


Il faut l’avouer : cette question est aussi implicitement celle d’une reconnaissance : Est-ce que les autorités vont reconnaître enfin l’importance du culte dans la vie des belges ou continuer à le considérer comme non essentiel comme une simple activité culturelle ? Nos voisins français et allemands ont eu recours aux plus hautes juridictions de leurs nations respectives pour faire valoir leurs droits. Et ils ont eu gain de cause. Une initiative similaire a été lancée dans notre pays[1]. En tant que pasteur, je me suis demandé ce qu’il fallait vous dire en cette circonstance. Et comme il n’y a au fond d’autre pasteur que le Christ, j’ai essayé d’écouter ce que Jésus nous dit aujourd’hui dans l’évangile.


Dans le passage que nous venons d’entendre, Jésus, tourné vers le Père, lui fait cette prière : « Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi ».

Comme collectivité aussi bien que comme individu, nous avons un immense besoin de reconnaissance, de gloire comme dit Jésus. Sachant de manière viscérale que notre vie ne tient qu’à un fil, nous avons sans cesse besoin d’être confirmé dans notre droit à exister. Or le problème c’est que nous cherchons à recevoir de l’extérieur ce qui nous fait défaut à l’intérieur. Certes, en tant que citoyen, il y a parfois avantage à faire valoir ses droits, je le reconnais volontiers. Mais l’Église elle-même ne doit-elle pas d’abord se préoccuper de faire resplendir à la face du monde le visage du Christ ? Et c’est là que réside toute la difficulté. Si on lui reproche de vouloir plaire aux autorités, de chercher à jouer les bons élèves, n’est-ce pas jouer sur le même terrain et se montrer avide d’une reconnaissance que seul Dieu peut nous la donner. Lui seul peut nous donner cette gloire, cette confirmation dans l’existence : A lui seul la gloire, la vraie !


S’il faut peu de temps pour comprendre cela intellectuellement, nous savons bien qu’il en faut bien davantage pour se départir de ses réflexes. Pour faire le sursum corda… Sur ce chemin qui prend des années, nous faisons l’expérience que ce sont les périodes où nous sommes le moins gâtés par les créatures que nous progressons le plus dans notre expérience de cette gloire qui vient du Créateur. Il n’y a donc aucun masochisme dans l’exhortation que Saint Pierre adresse aux chrétiens dans la deuxième lecture : « Si l’on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous ». Je pense à nos frères et sœurs de Chine particulièrement persécutés en ce moment puisqu’avec le mois de mai s’achèvera dans quelques jours la période fixée par le parti communiste pour le ralliement des prêtres et des fidèles à l’Église officielle. Des fonctionnaires zélés du régime leur font subir vexations, brimades ou torture pour obtenir par la force ce ralliement.


Ces chrétiens de Chine rendent ainsi témoignage qu’ils se soucient peu de la reconnaissance qui vient des hommes. Heureux serons-nous, nous aussi, lorsqu’il nous sera donné de découvrir de manière existentielle que la seule reconnaissance qui vaille vient de Dieu. Car cette gloire-là ne trompe pas et c’est pourquoi Saint Pierre dit encore : « Réjouissez-vous dès maintenant alors que vous communiez aux souffrances du Christ, car c’est encore dans la joie que vous serez, exultant, quand sa gloire se révélera ».

Alors, frères et sœurs, dans cette semaine qui nous sépare encore de la Pentecôte, mettons-nous véritablement en prière avec Marie et les Apôtres réunis au Cénacle. Entrons dans cette grande neuvaine de l’Église qu’il nous est donné de vivre aussi en paroisse pour que l’Esprit Saint nous soit donné en abondance. Qu’il oriente notre soif de reconnaissance vers Celui qui nous la donne dès maintenant comme les arrhes de ce qu’il nous réserve au Ciel. Amen !

[1] Pour obtenir des renseignements sur cette initiative, veuillez adresser un mail à constitution.art19.grondwet@gmail.com

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