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"Les clés du Royaume" I XIe Dimanche I P. Sébastien Dehorter I 13/06/2021



L’évangile de ce dimanche nous parle d’une des choses les plus belles de la vie : le Royaume de Dieu. C’est probablement ce dont Jésus a le plus parlé, ce qui était le plus cher à son cœur, ce pour quoi il a donné toute sa vie. Et pourtant, et malgré tous ses efforts pour en parler simplement, il semble que peu de personne ait vraiment compris de quoi il s’agissait. Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? Evidemment, il ne faut pas penser au petit royaume de Belgique, ni à la Reine d’Angleterre, ni au Roi Soleil. Rappelons-nous la question de Pilate - alors, tu es roi ? - et la réponse de Jésus : ma royauté n’est pas de ce monde. On voudrait parfois que la vie chrétienne soit plus simple, que l’Église soit une sorte de petit royaume dont les sujets – les chrétiens – vivraient tranquillement en paix, à l’écart du monde...


On pourrait dire qu’être vraiment chrétien, c’est devenir un membre actif de cette « organisation secrète » qu'est le Royaume de Dieu : s’y engager et travailler avec passion.

Peut-être que les réalités qui s’en approchent le plus, ce sont ces « organisations secrètes » qui ont parfois existé au moment des guerres, dans les mouvements de résistance. Leurs membres, tout en vivant une vie apparemment « normale », au milieu de tout le monde, étaient reliés entre eux par plusieurs secrets qu’ils partageaient et qui les poussaient à agir différemment. On pourrait alors dire qu’être vraiment chrétien, c’est devenir un membre actif de cette « organisation secrète » – le Royaume de Dieu : s’engager et travailler avec passion. Dans l’évangile, Jésus nous en présente les principales caractéristiques, comme pour nous dire : « Eh toi, veux-tu être un membre du Royaume de Dieu ? »


Des deux paraboles que nous avons entendues, je retiens 4 caractéristiques de ce Royaume de Dieu et je voudrais les expliquer à partir de petites histoires tirées et de la vie des saints ou de chrétiens exemplaires, car ce sont eux qui nous expliquent vraiment ce que signifie être un membre du Royaume. Par-là, je voudrais surtout redonner à chacun d’entre nous le goût du Royaume – le désir de faire partir du Royaume, de le construire, car c’est probablement la chose qui vaut le plus la peine en cette vie - et peut-être aussi l’envie de lire pendant l’été qui arrive une belle biographie de saint, de manière à reprendre le cap.


1. Les membres du Royaume de Dieu croient fermement que le bien fait du bien, que le bien transforme le monde, que faire le bien, c’est comme semer une graine en terre qui va pousser et porter du fruit, bien plus loin que nos seuls efforts. On pense parfois que la valeur de nos actions se limite à leur effet immédiat. En réalité, nous ne pouvons jamais mesurer leur portée véritable. Comme dans la parabole : de nuit ou de jour, qu[e le semeur] dorme ou qu’il se lève, le grain pousse et il ne sait comment. C’est parfois étonnant… J’ai par exemple connu un prêtre extraordinaire qui avait un immense amour des pauvres. Il en accueillait toujours, par dizaines, par centaines. Quand il était jeune, il avait d’énormes difficultés à l’école, c’était désespérant. Mais un professeur, qui était prêtre, lui avait dit un jour cette phrase étonnante : « et si tu étais souvent le dernier, pour pouvoir un jour aider tous les derniers du monde - les pauvres, les handicapés, les sans-travail, les orphelins ? ». Cette petite phrase ne l’a pas seulement consolé sur le moment. Elle a été comme une graine déposée dans son cœur. Elle est devenue un arbre immense : toute la vie que ce prêtre a consacrée aux malheureux qu’il a accueillis, consolés et aidés. Un sourire peut guérir tandis qu’à l’inverse une vilaine insulte pour tuer quelqu’un. Si tu comprends cela, si tu crois en cela, peut-être voudras-tu faire partie du Royaume de Dieu ?


2. Les membres du Royaume de Dieu ne se découragent jamais, car ils savent qu’au début la graine du Royaume est la plus petite de toutes les graines du monde ! Les débuts sont souvent difficiles et insignifiants. Ce n’est pas une raison pour arrêter. Et savez-vous comment s’appelle la plus petite de toutes les graines ? Sn nom est très connu, c’est « oui » ! C’est l’un des mots les plus petits mais dont les effets sont les plus spectaculaires. Vous connaissez Mère Teresa, une femme minuscule de taille, une religieuse albanaise, d’abord professeur d’anglais dans un collège pour jeunes filles très chics et qui va obtenir plus tard le prix Nobel de la paix pour son œuvre auprès des plus pauvres, spécialement des mourants ? Commet cela a-t-il commencé ? Par une promesse secrète faite dans son cœur : « Jésus, je m’engage à jamais te désobéir » ; ensuite, une sorte de voix intérieure, pendant un long trajet en train : « sois ma lumière, va me porter dans les trous des pauvres » ; enfin, une première visite un jour dans une sorte de bidonville… Si tu n’as pas peur de dire oui à Dieu et de commencer petitement, alors peut-être que tu voudras faire partie du Royaume ?


3. Les membres du Royaume de Dieu ont une espérance très audacieuse, un peu folle : celle d’arriver au Ciel, comme une graine, capable un jour d’accueillir dans ses branches les oiseaux du ciel. Pensez à la petite normande, Ste Thérèse de Lisieux, entrée au couvent à 15 ans, morte à 24 de la tuberculose, et dont les sœurs se disaient : « que va-t-on raconter sur elle lors de ses funérailles ? Elle était gentille, discrète, effacée » En fait, Thérèse avait un amour fou, elle avait déjà accueilli dans son cœur tous les oiseaux du ciel et même davantage… Je pense à deux choses étonnantes. D’abord, le succès éditorial de ses souvenirs autobiographiques, vendus à plus de 500 millions d’exemplaires ; et puis, la protection qu’un si grand nombre de soldats ont attribuée à son intercession pendant l’horrible première guerre mondiale, dans les fameuses tranchées. Durant cette période, le carmel de Lisieux a reçu environ 500 lettres par jour. C’est si beau de croire au Ciel et d’avoir des désirs, non seulement pour cette vie, mais aussi pour la vie éternelle. Comme Thérèse, sommes-nous capables de dire : « je passerai mon Ciel à faire du bien sur la terre » ?


4. Les membres du Royaume ne travaillent pas pour eux-mêmes, pour leurs petits intérêts, mais pour la gloire de Dieu, pour la moisson du maître. Je pense à Jeanne Jugan, la fondatrice des Petites Sœurs de Pauvres, une magnifique communauté qui s’occupent des personnes âgées. À la fin de sa vie, personne ne savait que c’était elle la fondatrice, on l’avait mise de côté, elle était une simple vieille sœur… Elle a accepté que la moisson ne soit pas pour elle mais pour la gloire de Dieu et son œuvre a continué.


Cette histoire du Royaume comme une « organisation secrète » n’est pas mon invention. Plusieurs saints ont senti le besoin de créer des groupes, comme des « armées secrètes » ou « des petits soldats de l’ombre », non pas pour faire le mal ou détruire quelque chose mais pour répandre le bien autour d’eux, en ayant conscience qu’en réalité tout le monde n’était pas prêt à suivre ce chemin. Ainsi le jeune Dominique Savio avec la « Compagnie de Marie Immaculée » ou Maximilien Kolbe et « La milice de l’Immaculée ». D’autres mouvements ont suivi, comme les « jeunes pour Jésus », etc. Le côté un peu « secret » a deux raisons : 1) Dieu est invisible, il est un Dieu caché, de sorte que ceux qui agissent au nom de Dieu ne sont pas compris de tous ; 2) on peut facilement être exposé à la moquerie, de sorte que le « groupe secret » nous protège un peu. Faire partie du Royaume de Dieu sera toujours un secret du cœur.


La proposition de Jésus est attirante, surtout lorsqu’on pense qu’une petite graine peut devenir un arbre immense et que le jardinier n’a pas besoin d’être 24H/24H à côté de sa plante pour que celle-ci pousse bien. Demandons au Seigneur, l’audace des saints. Jésus te pose une seule question : « est-ce que, oui ou non, je peux compter sur toi pour que mon Royaume grandisse ? » Réfléchis bien et donne ta réponse !



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