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La vraie histoire de la crèche | Père S. Dehorter | Noël | 24/12/19


Je voudrais vous raconter ce soir la vraie histoire de la crèche. La crèche telle que nous la connaissons, avec la grotte au centre, Marie et Joseph, l’âne et le bœuf, est une « invention » de St François d’Assise, le saint patron de cette église. C’était en décembre 1223, c’est-à-dire il y a 796 ans. François rentrait de Palestine où il avait été reçu par le sultan Al-Malik al-Kamil et il avait pu visiter les lieux saints. Il avait particulièrement été touché par la grotte de Bethléem. Car ce qui le marquait dans la figure de Jésus, c’était sa pauvreté et son humilité. Et voilà que, de retour en Italie, un gentilhomme qui répondait au nom de Jean, originaire de Greccio près de Rieti (Giovanni di Greccio, Jan de Gryck dirait-on par chez nous) se présenta à lui et demanda ce qu’il pouvait faire pour mieux suivre le Seigneur Jésus à l’approche de Noël. François lui demanda de le devancer à Greccio et lui dit : « Je voudrais représenter le bébé né à Bethléem et, d’une certaine manière, voir avec les yeux du corps les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé du fait qu’il lui manquait ce qui est nécessaire à un nouveau-né (vorrei… in qualche modo vedere con gli occhi del corpo i disagi in cui si è trovato per la mancanza delle cose necessarie a un neonato), et comment il fut couché dans la crèche et comment il reposait sur le foin entre l’âne et le bœuf. »


François voulait introduire un rite nouveau pour que la célébration de Noël soit plus intense et plus participative, pour que chacun des participants se sente impliqué dans le mystère qui était célébré. Ce fut la première grâce de Greccio. Greccio fut une nouvelle Bethléem, et, depuis ce jour, il est devenu plus facile pour chaque communauté chrétienne de devenir, à son tour, une nouvelle Bethléem. De fait, cette nuit-là, la célébration de Noël fut particulièrement intense. On raconte que les gens des alentours sont venus très nombreux avec des lanternes et des instruments de musique. Lorsque François arriva, la grotte que Jean avait choisie était tout imprégnée de ferveur et de joie. Lui-même, des larmes coulaient sur son visage, tant il était pris par l’émotion d’être comme transporté à travers le temps et l’espace vers cette nuit très sainte où Jésus était né. Après avoir chanté l’évangile lorsqu’il se mit à prêcher, à chaque fois qu’il voulait prononcer le nom de « Jésus Christ », il disait le « bébé de Bethléem » et sa bouche était remplie de tendresse de sorte qu’il ressemblait à un bébé qui babille ou à une brebis qui bêle.


Le coeur de la foi chrétienne est le mystère d’une rencontre, la rencontre de Dieu et de l’homme, une rencontre qui s’est manisfestée dans la personne de Jésus.

Par ailleurs, une des personnes présentes eut la vision d’un petit bébé qui serait apparu, couché dans la mangeoire dans un très profond sommeil, comme une statue inerte ; mais lorsque François s’approcha de lui, il le sortit de ce mystérieux sommeil et il devint rayonnant de vie. Au-delà du côté un peu surprenant de cette histoire, il faut surtout remarquer qu’en réalité, c’est ce qui se produisit dans le coeur des personnes qui étaient rendues à Greccio ce soir-là. Pour certains d’entre eux, en effet, Jésus était devenu comme une statue poussiéreuse et endormie. Et voilà qu’au cours de la nuit, la foi se réveilla en eux et ce souvenir demeura profondément imprimé dans leur mémoire. Cela nous redit une chose simple mais décisive : le coeur de la foi chrétienne est le mystère d’une rencontre, la rencontre de Dieu et de l’homme, une rencontre qui s’est manisfestée dans la personne de Jésus. Avec les mots du Pape François : « c’est précisément cette rencontre entre Dieu et ses enfants, grâce à Jésus, qui donne vie à notre religion, qui constitue sa beauté unique et qui transparaît de manière particulière à la crèche ».


Demandons la grâce ce soir de ne plus mettre de distance entre nous et Dieu, de faire tomber les attitudes condescendantes, les moqueries faciles qui cachent parfois notre méconnaissance ou notre ignorance du vrai message de Noël. Oui, il y a un risque à prendre, celui de se laisser atteindre par ce sourire et ces bras tendus. La révolution de Dieu est celle de la tendresse et de l’amour au creux même de la faiblesse et de la fragilité. En réponse, le geste de Noël est celui par lequel nous nous mettons à genoux. Cela n’a rien d’humiliant. Je pense que la grandeur de l’homme au contraire se manifeste dans sa capacité à reconnaître qu’il y a plus grand que lui. Si Dieu s’est à ce point abaissé, n’ayons pas peur de l’imiter dans cette voie. Il y a tout à gagnre. C’est le secret de la joie, le secret de saint François, qui nous est donné en partage. Joyeux Noël !


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