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Homélie pour le 7ème dimanche de Pâques I p. Damien I 16/05/2021




« Les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi »


Entre Ascension et Pentecôte, la liturgie de la Parole met en avant la prière. Il y a tout d’abord celle de Pierre : il prie pour remettre entre les mains de Dieu le choix d’un remplaçant pour Judas, qui est allé « à la place qui est désormais la sienne ». Si Pierre a prié, c’est sans doute par un réflexe qui s’est forgé pendant les mois où il a accompagné le Seigneur.


En effet, avec les autres disciples, Pierre n’a pas manqué d’être impressionné par cette attitude de Jésus qu’est la prière. Elle devait être quelque chose d’habituel ; Jésus priait souvent. Baptisé par Jean dans le Jourdain, Jésus était en prière ; c’est alors que le ciel se déchira et qu’il fut oint de l’onction de l’Esprit-Saint. Après le premier jour de son ministère, quand il eut fini de guérir les malades, le Seigneur prit un léger repos et, avant le lever du soleil, il alla gagner les solitudes pour prier. Il lui fallait prendre ce temps avant d’annoncer la bonne nouvelle aux villages des alentours. Avant de choisir ses disciples, l’Évangile rapporte que le Seigneur passa la nuit à prier. Et c’est encore pendant qu’il priait qu’il fut transfiguré devant Pierre Jacques et Jean sur la montagne.

La prière de Jésus était si intense – sans doute parce qu’elle occupait un rôle central – que les apôtres n’osaient pas le déranger quand ils le surprenaient. C’est quand il eut terminé qu’ils lui demandèrent : « Seigneur, apprends-nous à prier ». Jésus leur livra des mots que nous utilisons encore : « Notre Père qui es aux Cieux… »


Les quelques témoignages cités ne nous disent presque rien sur le contenu de la prière de Jésus. Les Évangiles sont avares de renseignements. Deux détails cependant…

Tout d’abord, quand Jésus priait, il s’adressait à Dieu en l’appelant « Abba » – « Père ». Saint Marc nous l’apprend : c’est ainsi que Jésus priait avec insistance dans le jardin de Gethsémani. Ce mot tiré du langage familier révèle une relation immédiate entre Jésus et Dieu le Père. Sa prière va tout droit ; elle est un contact direct. Pas de complications, pas de manières…


Autre détail : la prière de Jésus est une prière d’intercession. Il ne demande rien pour lui, mais tout pour les autres. Nous le voyons dans le passage d’aujourd’hui : la prière de Jésus exprime son souci de la communion et de l’unité de ses disciples et donc de l’Église. Maintenant qu’il est au ciel, sa prière ne cesse pas. Le Ressuscité intercède ; il plaide la cause de ses frères, alors que par faiblesse, le péché les fait encore tomber.

Rendons-nous bien compte que sans l’intercession de Jésus, l’Église se serait rapidement dissoute. Le sang des martyrs n’aurait pas été une semence de chrétiens. Au contraire, la pérennité de l’Église est le fruit de cette prière d’intercession ; elle est la preuve de son efficacité et de sa puissance.


Terminons par ces mots : Nous-mêmes, nous n’avons pas vu, comme les apôtres, le Christ en prière, mais l’exemple de l’Église orante pallie ce manque. Car l’Église prie ; c’est une dimension de sa vie qui échappe au monde. Elle prie à l’imitation du Maître, selon son esprit. Elle emprunte les mots qu’il a utilisés – les psaumes – et ceux qu’il nous a laissés : le Pater. Ainsi convient-il que nous prions, nous aussi. Car si cette prière des psaumes cessait, rapidement, nous rabâcherions comme des païens ; nous demanderions à Dieu des choses de peu d’importance ; notre prière serait occupée par la préoccupation de nos besoins à court terme. Insensiblement, nous finirions par exiger de Dieu qu’il fasse notre volonté.


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