La figure centrale de ce quatrième dimanche de l’Avent est Marie. Marie qui vient de dire oui au projet de Dieu. Marie se met en route à la rencontre d’Elisabeth. A l’arrivée de Marie chez Elisabeth, l’Esprit Saint en personne parle et annonce que Marie est la nouvelle Arche d’Alliance. C’est remplie d’Esprit Saint qu’Elisabeth s’écria d’une voix forte : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ! ». Dans l’Ancien Testament, ‘arche de l’alliance était un coffre, fait de bois d’acacia recouvert d’or, qui contenait les tablettes de pierre sur lesquelles étaient inscrits les Dix Commandements. Ce coffre ou arche était le lieu de la Présence de Dieu. Désormais Dieu habite notre humanité. Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Marie porte donc en elle mystérieusement, cette Présence de Dieu.
En effet, le récit de la Visitation rappelle le récit de la montée de l’Arche à Jérusalem : les deux voyages, celui de l’Arche, celui de Marie se déroulent dans la même région, les collines de Judée ; l’Arche entre dans la maison d’Oved-Edom et elle y apporte le bonheur (2 S 6,12), Marie entre dans la maison de Zacharie et Elisabeth et y apporte le bonheur ; l’Arche reste trois mois dans cette maison d’Oved-Edom, Marie restera trois mois chez Elisabeth ; enfin David dansait devant l’Arche, il « sautait et tournoyait » (2 S 6,16), et Jean-Baptiste « bondit de joie » devant Marie qui porte l’enfant. Aussi, la phrase d’Elisabeth « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » fait partiellement référence à une phrase de l’Ancien Testament dans le livre de Judith (Jdt 13,18-19). Par ce rapprochement, Marie est donc comparée à Judith (une jolie veuve juive, qui a libéré la ville de Béthulie qui était assiégée par les Assyriens du roi Nabuchodonosor). Marie est la femme victorieuse qui assure à l’humanité la victoire définitive sur le mal.
Ainsi, Marie est un modèle pour les croyants : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles du Seigneur, dit Elisabeth » Ce qui compte aux yeux de Dieu, c’est la disposition fondamentale de Marie, qui était très semblable à celle de Jésus lui-même : « Me voilà, je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole ». Jésus dira plus tard : « O Père, voici que je viens pour faire ta volonté. » Et, c’est de cela que parle également la deuxième lecture : « Tu n'as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m'as formé un corps. Tu n'as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. » Ce « me voici », c’est la seule réponse que Dieu attend du cœur de l’homme. Si Dieu ne sollicite que notre disponibilité, cela signifie que chacun, chacune de nous, tels que nous sommes, peut être utile pour le Royaume de Dieu.
La même Marie vient à Élisabeth avec Jésus en elle, elle vient également à nous avec Jésus pour que nous-mêmes nous allions vers les autres avec Jésus et Marie. Quand nous rendons visite à un malade, un prisonnier, une personne seule, nous allons leur porter Jésus. Sans hésiter, sans se préoccuper de sa propre fatigue, Marie a compris qu’Élisabeth avait besoin d’elle ; elle se rend disponible. Elle parcourt 150 kilomètres à pieds pour aller à sa rencontre vers la banlieue ouest de Jérusalem, Aïn Karem à 6 km du centre-ville.
Désormais, bien sûr, le Corps du Christ, que nous sommes, n’avons rien d’autre à faire que de continuer chaque jour à dire « me voici » et à agir en conséquence évidemment, à nous rendre disponibles à nous dépenser pour les autres, poser des actes de partage et de charité, à annoncer la bonne nouvelle de Jésus :« Toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël » C’est dans la vie et par les actes de chacun de nous que le Christ doit désormais se manifester au monde. Le nom Ephrata (qui signifie « féconde »), accolé à celui de Bethléem montre combien pour mener une vie féconde, l’on doit devenir humble et petit, disponible pour Dieu. Que la grâce de cette Eucharistie nous y conduise tous.
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