Si vous êtes un peu attentifs, je vous redis souvent, pour introduire l’eucharistie, que, le dimanche, le Seigneur renouvelle sa présence au milieu des siens. Pourquoi vous dis-je cela ? La première raison est que votre serviteur n’est pas très créatif. Il a plutôt tendance à répéter toujours la même chose…
Mais il y a une deuxième raison, beaucoup plus profonde : je vous dis cela tout simplement parce que c’est la vérité ! En effet, quand nous nous réunissons le dimanche pour célébrer l’eucharistie, le Ressuscité renouvelle sa présence à son peuple. Car l’eucharistie est le prolongement de ses apparitions corporelles. Elles ont eu lieu le premier jour de la semaine et huit jours plus tard, comme en témoigne l’Évangile que nous venons d’entendre. Ce premier jour de la semaine, c’est le lendemain du sabbat — le septième jour de la semaine — et donc le premier jour de la semaine, c’est-à-dire notre dimanche. Et le huitième jour, c’est tout simplement le premier jour de la semaine suivante, c’est-à-dire encore un dimanche. Le rythme dominical, frères et sœurs, a donc été initié par la venue et la présence régulière du Seigneur au milieu du groupe des disciples.
Il est important de réaliser que la première fête chrétienne en importance célèbre la résurrection du Christ. Et cette célébration se fait chaque dimanche. Pour nous, c’est par excellence le jour qui sort de l’ordinaire : le jour que fait le Seigneur, un jour de fête et de joie (Ps 118(117),24).
Ajoutons qu’il y a une différence entre le dimanche et les autres fêtes chrétiennes qui ponctuent l’année liturgique. Toutes les fêtes, comme Noël, l’Épiphanie, la Toussaint, la fête de Dieu, etc… sont apparues au cours de l’histoire, sous l’impulsion des conciles et des pasteurs de l’Église pour le bien du peuple chrétien.
Mais le dimanche est l’effet de la volonté du Ressuscité et de personne d’autre. Encore et toujours, le dimanche et le jour que fait le Seigneur ! C’est le jour où nous goûtons la nouveauté et la fraîcheur de la résurrection comme au matin de Pâques. Le Christ est là : il vient vers nous comme il est venu dans le cénacle au milieu des apôtres ; il se tient au milieu de nous ; il communique son Esprit, par qui nous sommes renouvelés de fond en comble.
Nous avons quelques témoignages qui montrent que, dès le début de l’histoire de l’Église, le dimanche était d’une importance capitale pour la vie des chrétiens. Saint Justin, qui a vécu au deuxième siècle, disait : Sine Dominica, non possumus — Sans le dimanche nous ne pouvons pas (être chrétiens).
Petite anecdote : au matin de la fameuse bataille de Waterloo, pendant qu’il prenait son petit déjeuner, Napoléon entend le tintement d’une cloche. On l’informe que c’est le curé de Plancenoit qui ne voudrait pas manquer sa messe… Ainsi, ce prêtre, juste avant l’orage de la bataille, voulait honorer le dimanche en célébrant l’eucharistie.
J’insiste, frères et sœurs pour que nous posions un regard de foi sur ce que nous vivons maintenant. Que nous soyons nombreux ou à peine quelques-uns, que la chorale soit magnifique ou l’orgue complètement désaccordé, que devant vous il y ait un prêtre jeune et beau ou un vieux chanoine, la messe dominicale exprime toute l’originalité du christianisme : il s’agit d’une nouveauté dont on n’a pas le droit de se lasser. Ne laissons donc pas passer ce moment favorable pour nous unir au Seigneur et faire un seul esprit avec lui (1 Co 6,17). C’est la condition sine qua non pour que la multitude de croyants que nous sommes devienne un seul cœur et une seule âme (Ac 4,32).
C’est de là que vient sans doute l’expression : « Et avec votre esprit ». Vous le savez, elle ponctue nos célébrations. Cette réponse est importante. Car la messe, n’est pas l’affaire du seul curé de Plancenoit. Elle est l’action de tout le peuple chrétien qui ne veut faire qu’un seul esprit avec le Ressuscité, par la médiation du prêtre. Je vous invite donc à répondre de grand cœur aux interpellations liturgiques que vous adresse le prêtre : « Et avec votre esprit »…
Depuis la nouvelle traduction du missel, la réponse à l’offertoire s’est développée par rapport à celle que nous connaissions. Elle elle est cependant plus proche de l’édition originale que l’ancienne : « Que le Seigneur reçoivent de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Église ». Elle est un petit peu plus complexe que la réponse d’autrefois, mais elle est infiniment plus riche et plus juste. Par elle, s’exprime l’unité d’action de toute l’assemblée chrétienne dans le sacrement. Il s’agit de faire un seul esprit avec le Christ ressuscité.
L’enjeu, c’est la joie. La joie pascale ! Rappelez-vous l’effet que produisit la venue et la présence du Ressuscité le soir de Pâques : « les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur » (Jn 20,20). Cette joie, frère et sœurs, je souhaite qu’elle soit rivée à votre cœur. C’est une joie — le Christ nous en fait la promesse ! — qui est sans comparaison avec les joies de ce monde ; une joie que rien ni personne ne pourra nous ravir.
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