« Un instant divin qui change le cœur »

Aujourd'hui, sur la montagne, nous voyons les Apôtres vivre un moment très particulier. Ils sont véritablement éblouis pas le Christ. En fait, ils voient Dieu ! Abraham lui aussi a vécu un moment très intense de rencontre du Seigneur. Justement cette semaine, j'ai été témoin d'une expérience qui m'a fait penser à ces épisodes de la Bible. Jeudi dernier, avec la pastorale étudiante, nous avons organisé une veillée de prières à la chapelle de la Source, Place des Wallons. À l'intérieur, des étudiants chantaient et priaient et le Saint-Sacrement était exposé sur l'autel. D’autres, à l’extérieur, entamaient des conversations avec les passants et leur proposaient d’entrer dans la chapelle et de déposer une bougie allumée auprès de l’autel. Sur la soirée, une centaine d’étudiants sont ainsi venus déposer une petite flamme. À un moment, deux amis sont arrivés. Le premier s’est avancé, a déposé sa bougie, et est revenu près de la porte, le temps que son compagnon fasse de même. Quand celui-ci l’a rejoint, il lui a simplement dit : « c’est étrange, il se passe un truc ». Puis ils sont sortis. Clairement, ce jeune homme venait, de façon très fugace, de vivre un instant particulier ; quelque chose au fond de lui a été saisi, touché. Frères et Sœurs, ne pensons jamais que Dieu ait voulu réserver l’expérience de sa Présence à Abraham, aux Apôtres et à quelques saints ! Dimanche dernier, 150 catéchumènes de notre archidiocèse étaient rassemblés pour le rite de l’appel décisif : parmi eux aussi, beaucoup pourraient témoigner de moments où ils sont comme entrés dans l’intimité de Dieu. Saint Paul, dans l’épître aux Philippiens, s’exprime lui aussi comme celui qui a « vu » le Seigneur, c’est-à-dire qui a été ébloui par sa Présence et son Amour. Et il leur ajoute ce conseil : « Tenez bon dans le Seigneur. » C’est que notre vie chrétienne passe par de nombreux moments qui nécessitent de la force. C’est alors, justement, que notre lien intérieur avec Dieu peut nous faire tenir. C’est aussi ce que nous avons prié avec le psaume de ce jour : « Le Seigneur est le rempart de ma vie. C’est ta face, Seigneur, que je cherche. » Et encore : « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage. » Ces phrases ne sont pas de vagues souhaits abstrait. Elles disent le désir de celui ou de celle qui sait que Dieu peut se manifester, se donner à « voir ». Il peut nous éblouir par sa Présence ; et même si cela ne dure que deux secondes, nous ne serons plus les mêmes après.
Nous voici dans le temps du Carême. Nous y sommes invités à progresser dans la foi et la charité. Nous y faisons un travail sur nous-mêmes pour être davantage ajustés à que le Christ attend de ses disciples. N’oublions pas que le Carême est aussi le temps où il nous invite sur la montagne, il veut nous emmener à l’écart, dans des instants de solitude et de silence, pour nous toucher le cœur. C’est sa manière de nous enrichir, de fortifier notre courage, de nous mettre en paix.
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