
Je voudrais commencer par évoquer le souvenir des promenades de mon enfance. Il arrivait que, pour nous rendre au lac, mon frère, ma sœur et moi, nous passions par le tunnel sous le chemin de fer. Il y avait là un écho formidable et nous criions de toutes nos forces.
J’imagine assez facilement que, dans le désert, Jean-Baptiste a été tenté de déployer toute sa voix. Le prophète Isaïe le désigne comme une Voix qui crie. Et c’est là le trait le plus caractéristique de sa personnalité.
Cela me fait penser à cet épisode du livre de l’Exode (Ex 20) où, du haut du mont Sinaï, Dieu proclame la Loi. Avec une assurance, Dieu dit : « Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait monter du pays d’Égypte. Tu n’auras pas d’autres dieux que moi… » Les Hébreux parlaient de la voix divine comme semblable à des coups de tonnerre et au son d’une trompe. Elle était insupportable à entendre.
Je voudrais, frères et sœurs, que vous reteniez ceci à propos de Jean : il était un homme sans complexe ! Il ne se torturait pas à peser ses mots sur une balance en argent quand il devait dire quelque chose. D’ailleurs, Jean n’a pas grand chose à dire, sinon de proclamer un « baptême de conversion pour le pardon des péchés ».
Permettez-moi, pour mettre en relief le caractère incisif de ses paroles, de les tourner autrement : « C’est vous qui devez vous repentir. Cessez de vous considérer seulement comme des victimes. Vous pouvez changer ; vous devez changer ; car vous avez une responsabilité dans la marche du monde. N’attendez pas que les autres le fassent. Commencez par vous-mêmes. »
C’est là que se trouve l’audace de Jean-Baptiste : avec un aplomb extraordinaire, il renvoie les hommes à eux-mêmes. Il ne leur permet pas de se voiler la face sur leurs propres torts.
Il est évident que la voix de Jean a impressionné ses contemporains, autant que son intégrité… Souvenez-vous qu’il reprochait à Hérode d’avoir épousé la femme de son frère Philippe. Jean Baptiste payera de sa vie son audace. Je suis également certain que si nous l’avions croisé ici à Louvain-la-Neuve, Jean nous aurait marqués profondément. Mais l’audace de Jean Baptiste tient également aux circonstances : il y a urgence. Il ne faut pas tarder à se convertir, car le Seigneur est sur le point de venir.
La semaine dernière, lors de l’audience du mercredi, le Pape François a demandé aux prédicateurs de ne jamais dépasser huit minutes. Je pense qu’avec vous je n’ai guère outrepassé cette limite. C’est pourquoi je ne dirai pas grand chose de plus. Jean Baptiste lui-même n’était pas très long quand il s’agissait de prêcher la conversion.
Rappelons-nous que nous voulons être prêts à accueillir le Seigneur quand il viendra. Je vous le dis avec ma petite voix et cependant je vous parle sérieusement. Si nous voulons être prêts à l’accueillir, il faut veiller à notre vie intérieure. C’est en elle qu’il faut rendre droits nos sentiers, abaisser les montagnes de l’orgueil et combler les ravins. Pensez à vous confesser !
Trois conseils pour bien vous confesser :
(1) dire ses propres péchés, et non pas ceux des autres ;
(2) ne pas être compliqué en expliquant les circonstances ou en cherchant à se justifier ;
(3) ne pas confesser les malheurs dont nous sommes les victimes…aître en nous la joie de nous acheminer vers la réalisation des promesses de Jésus !
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