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Xavier Joachim

Homélie pour le 29E Dim. du Temps ordinaire - 20/10/2024 - Année B | P. Damien Desquesnes


Il y a deux semaines, je vous avais parlé de la mission comme quelque chose qui appartient à l’ADN de l’Église. La mission en effet n’est pas une découverte récente, ni le fruit d’une prise de conscience qui viendrait du constat que nous sommes moins nombreux… Elle nous incombe aussi à tous. De là vient aussi cette question qui nous préoccupe : Que dire pour évangéliser ? Par où commencer ?

À propos du contenu de l’Évangile, il est important, frères et sœurs, de ne jamais perdre de vue l’essentiel, ce pour quoi Jésus est venu parmi nous. Écoutons-le nous révéler lui-même le but de sa marche sur notre terre : « Je suis venu pour les malades et les pécheurs » ; « je suis venu pour que les hommes aient la vie en abondance », la vie divine ! Et aujourd’hui nous l’entendons encore : « le Fils de l’homme, dit-il en parlant de lui-même, n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Il est venu pour se charger de nos péchés, en donnant sa vie pour nous et en ressuscitant d’entre les morts.

Saint Paul rappelle dans sa première lettre aux Corinthiens la même idée : « Le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures ; il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures ». Il ajoute encore : « il est ressuscité pour notre justification ». L’apôtre Pierre à la Pentecôte n’a pas dit autre chose quand il interpellait les Juifs en pèlerinage à Jérusalem pour la fête : « Ce Jésus que vous, vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité ; il en a fait le Seigneur et le Christ ». Les Actes des Apôtres nous rapportent l’effet de la prédication de Pierre : « D’entendre cela, ils eurent le cœur transpercé ». Ces hommes atteints au plus profond d’eux-mêmes demandèrent à Pierre ce qu’ils devaient faire. Il s’agissait pour eux de se repentir de leurs péchés, d’être baptisés pour la rémission de ceux-ci ; enfin de recevoir le don du Saint-Esprit (voir Ac 2,36-37).


Le contenu de l’Évangile, frères et sœurs, est donc quelque chose de tout simple. L’évangélisation consiste donc à initier ou à faire découvrir à nos contemporains l’amour de Dieu qui nous a été révélé dans la mort et dans la résurrection de Jésus : « La preuve que Dieu nous aime, dit Paul dans sa lettre aux Romains, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5,8). Tel est l’essentiel de l’Évangile !


Mais alors se pose une autre question : comment proposer cette vérité à nos contemporains ? Laissez-moi vous donner deux exemples.


Je me rappelle de cet ami qui était diacre et qui a exercé son ministère dans le sud de la France. Un jour il va rendre visite à une famille endeuillée. Celle-ci n’avait pas beaucoup d’instruction religieuse et ne pratiquait pas. Mais pour la grand-mère, il fallait célébrer les funérailles à l’Église. Ce diacre leur explique un point essentiel de notre foi et qui est particulièrement important pour la célébration des funérailles : l’espérance en la résurrection de nos morts qui repose sur la résurrection de Jésus lui-même. Pour cette famille, ce fut une découverte qui a complètement changé son état d’esprit.

Moi-même, je me rappelle que, quand j’étais jeune prêtre, j’ai eu l’occasion de rendre visite à un jeune ménage. L’homme n’avait jamais connu son père et il avait perdu sa mère quelques mois auparavant. Cette question le préoccupait : « Ai-je le droit de parler à ma maman ? » Je lui ai tout simplement parlé de la foi en la résurrection : « S’il y a une résurrection des morts, alors ta maman n’est pas anéantie. Elle existe ; elle vit d’une certaine manière, donc tu peux lui parler ». Trois semaines plus tard, j’ai eu un petit retour de cette rencontre. C’était la belle-mère de ce jeune homme qui me disait combien cette rencontre avait apaisé leur couple. Ils ont avoué qu’ils n’avaient jamais aussi bien dormi ensemble que cette nuit-là.

Vous me direz sans doute, frères et sœurs, que l’évangélisation ne consiste pas à permettre aux gens de passer des nuits tranquilles. Évidemment ! Mais ceci m’a permis de comprendre l’importance du commandement que Jésus donne à ceux qu’il envoie en mission : « Quand vous entrez dans une maison, dites "Paix à cette maison". Et si il y a un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui. » (Lc 10,5-6)

Frères et sœurs, il y a plus de paix et d’amour, croyez-moi, chez quelqu’un qui croit en la résurrection et qui oriente sa vie selon cette perspective, que chez quelqu’un qui pense que l’homme retourne au néant quand le corps a rendu son dernier souffle. C’est cette paix qui nous habite et que nous partageons, souvent bien inconsciemment, quand nous rencontrons les personnes. La paix est aussi importante que le contenu de l’Évangile. Elle l’est bien plus que des mots. Les mots ont bien sûr leur importance ; il faut dire la vérité. Mais s’il n’y a pas la paix, les cœurs ne sont pas rejoints par l’Évangile.

Vous avez bien remarqué que j’ai simplement donné deux exemples. Non pas une méthode, mais le témoignage de deux expériences. Tout simplement parce qu’il n’y a pas de recette ou de méthode particulière pour évangéliser. Mon rêve, c’est que nous puissions trouver l’occasion de partager les expériences que nous avons pu vivre, ces moments où la flamme de l’Évangile s’est transmise. Il faudra le faire d’une manière ou d’une autre, car, comme je vous l’ai dit, la mission nous incombe à tous.


Je voudrais terminer en évoquant ce que disait souvent l’évêque qui m’a ordonné prêtre, le cardinal Danneels. Être, disait-il, est plus important que faire.

C’est le faire qui nous préoccupe. C’est vrai, nous ne pouvons pas évangéliser en restant confortablement installés dans notre fauteuil. Il faut donc faire quelque chose. Mais quand on commence à faire quelque chose, on se rend compte que être est la condition sine qua non pour la fécondité de l’action. Être, c’est être en paix ; être, c’est avoir la joie d’être habité par quelqu’un, le Christ.

Saint Paul, qui fut probablement le plus grand missionnaire de tous les temps, ne dit pas autre chose dans sa lettre aux Galates : « Ce n’est plus moi qui vit, mais c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui

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