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Xavier Joachim

Homélie pour le 28E dimanche Année B - 13/10/2024 | Eric Mattheeuws


« Une seule chose te manque »


Nous sommes, en octobre, dans le « Mois de la mission universelle » de l’Église. L’occasion pour chaque membre de l’Église de se demander : suis-je moi aussi appelé à être un disciple missionnaire ? Souvent j’entends des chrétiens dire leurs questions à ce sujet. Beaucoup ont le sentiment d’être pas assez croyant, ou pas assez priant, ou pas assez pratiquant, ou pas assez légitime, ou manquant des bonnes paroles à dire, ou habité par trop de doutes… L’évangile de ce jour nous ramène à l’essentiel sur ce sujet.


Un homme vient vers Jésus, et nous savons deux choses de lui : 1) il est riche car il possède de grands biens et 2) il respecte les commandements, ce qui est aussi une richesse mais sur un autre plan. En quelque sorte tout va bien pour lui. Or il s’adresse à Jésus en lui exprimant un manque : il désire « la vie éternelle ». Notons que dans la Bible la vie éternelle ne concerne pas d’abord l’au-delà de notre vie terrestre, mais surtout une plénitude de vie dès ici-bas. Et donc cette plénitude manque à cet homme.


Avant d’aller plus loin, voyons en quoi cet homme peut nous ressembler. 1) Ne sommes-nous pas, pour la plupart d’entre nous, des « riches » de quelque chose ? Que ce soit sur le plan matériel, ou relationnel, ou moral ou spirituel ? Car être un riche au sens de l’évangile, c’est se cramponner à ce qu’on possède comme à une planche de salut. Et qui ne tente pas de se cramponner d’une façon ou d’une autre à ce qu’il a ou fait de bien, pensant que c’est essentiel pour lui, que de là vient son  salut ou sa légitimité ? 2) Et donc deuxième ressemblance : malgré tout, nous sommes en manque de la « vie éternelle », comme l’auteur du livre de la Sagesse désirait pour lui cette Sagesse.


La réponse de l’évangile à ce manque tient en peu de mots : « Jésus posa son regard sur lui et l’aima. » On sent que le texte pose ce moment comme décisif. Car c’est là que la vie de cet homme peut basculer, que tout peut changer pour lui, que la vie éternelle peut l’envahir. Jésus posa son regard sur lui et l’aima : l’homme va-t-il se laisser toucher ? Son cœur va-t-il s’ouvrir et se laisser inonder par ce regard et cet amour ? Va-t-il se laisser illuminer intérieurement, « jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit », comme le dit la lecture de l’épître aux Hébreux ? Va-t-il se laisser transformer, se laisser convertir ? Il faut pour cela qu’il lâche prise, qu’il ne se fie plus à sa richesse matérielle ni à sa richesse morale et spirituelle comme moyens pour se sauver lui-même. Se laisser aller à juste être aimé du Seigneur. Il n’y arrivera pas. Ce chamboulement est trop grand pour lui. Ses richesses prennent trop de place dans son cœur. La vie éternelle était pourtant si proche de lui !


Voilà donc la réponse de Dieu à notre désir, à notre manque le plus profond : son regard posé sur nous, son amour totalement gratuit pour chacune et chacun de nous. Puissions-nous ne pas être des chameaux qui préfèrent se fier à leur qualités ou à leurs forces.


Qu’est-ce donc que la mission ? Proclamer ce que nous avons fait de bien ? Témoigner de nos bonnes œuvres ? Mais tout cela n’est pas la vie éternelle. La mission trouve sa source dans ce que produit en nous l’amour inconditionnel du Christ. Elle s’étend en une annonce de cet amour, comme témoignage et comme bonne nouvelle à répandre. Laissons-nous donc atteindre par cet amour, même s’il nous fait chavirer le cœur, et que sa lumière passe à travers nous pour illuminer ceux qui autour de nous aspirent à connaître la vie éternelle.

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