Le passage que nous venons d’entendre ce matin se situe à la moitié de l’Évangile de Marc. C’est l’occasion pour nous de faire le point sur le chemin parcouru avant d’aller plus loin.
Au début — après le baptême dans le Jourdain —, les premiers apôtres ont accepté de tout quitter pour être avec Jésus et pour le suivre. Ils sont allés de village en village proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu et pour accomplir des guérisons. Nous l’avons entendu dimanche dernier, ils se sont rendus également en terre païenne : dans le sud du Liban et dans le territoire de la Décapole. C’est là que Jésus avait guéri un homme sourd et muet. Et, rappelez-vous, nous avons cherché à connaître le sens de cette guérison.
À présent, la petite troupe rentre en Galilée par le nord, par la région de Césarée de Philippe. En fait, les choses sérieuses vont commencer. Les nuages vont s’amonceler, car déjà apparaît au loin la perspective de la passion et de la croix.
C’est donc l’heure d’un choix décisif et radical pour les apôtres. C’est dans ce contexte que Jésus demande à ceux qui l’ont suivi de se prononcer à son sujet : « Pour vous, qui suis-je ? » et nous connaissons la réponse de Pierre : « Tu es le Christ ». Quatre mots pour dire la vérité au sujet de Jésus. Quatre mots qui sont le résumé de notre credo.
Avant d’aller plus loin, frères et sœurs, je voudrais revenir sur un évènements de la semaine dernière : le match des Diables Rouges face à la France. Une chose m’a frappé : c’est la conviction de nos voisins du Sud à chanter qu’« un sang impur abreuve leurs sillons ». (Dieu merci, il n’y a pas de sillon sur un terrain de football… Et donc on ne risque rien de grave…)
Mais pourquoi je vous parle de cela ?
Quand il contemplait les différentes branches de l’église d’Angleterre, Newman les voyaient incapables de s’accorder sur de nombreux points de doctrine et manquer de vigueur pastorale. À cause de cela, il en est venu à dire que ce qu’il fallait aux chrétiens, c’est un champ de guerre ; quelque chose que l’on chante avec conviction, comme les Bleus le font en chantant la Marseillaise. Pour Newman, ce chant de guerre, c’est notre credo : celui de Pierre qui est aussi le nôtre.
En effet, l’Église dans le monde est militante ; elle marche sous l’étendard de la foi… Un étendard que Pierre a dressé pour la première fois, un étendard qui n’est jamais tombé.
L’Église a une vérité qu’elle proclame dans le monde : Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Son nom est le seul par lequel nous devions être sauvés (Ac 4,12).
J’insiste : c’est une de nos particularités que d’avoir un credo, une foi que l’on proclame, quelquefois à l’étonnement des hommes. Les anciens Romains étaient frappés de voir les chrétiens si fermement attachés à leurs leurs convictions de foi au point de mépriser la mort.
Vous savez que je suis allé au Japon l’an dernier. Au XIXe siècle, le nouveau pouvoir a cherché à unifier le Shintô — la religion traditionnelle, littéralement la « Voie des dieux » —, pour en faire une religion d’État. Il n’a pas été possible de mener à bien ce projet tant les éléments de doctrine étaient divergents.
Vous l’avez compris, il est capital d’avoir un credo, des mots précis qui disent la foi. Le redire paisiblement est très réconfortant, spécialement à la fin de la journée quand nous avons eu l’impression que les choses se sont écroulées autour de nous : « Je crois en un seul Dieu le père tout-puissant ! »
Vous me direz peut-être qu’il n’est pas facile de comprendre le credo. Par exemple ce mot technique « consubstantiel ». En fait, frères et sœurs ce n’est pas très grave si nous ne comprenons pas ce que veut dire ce mot.
L’important — et c’est ce que j’ai voulu vous dire aujourd’hui — c’est que que nous soyons fiers de proclamer notre credo, comme les joueurs de l’équipe de France n’ont aucun complexe à chanter leur « chant de guerre ».
Saint-Paul écrit dans sa première lettre au corinthien (1 Co 14,8) : « Si la trompette émet un son confus, qui se préparera au combat ? » Permettez-moi d’ajouter ceci : « Si la trompette émet un son pur et puissant — celui d’un vrai et beau credo —, nous voilà tout ragaillardis ! »
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