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Homélie pour le 21E Dimanche du Temps ordinaire | 27/08/2023 - Année A | P. Damien Desquesne


Les passages d’Évangile que nous avons entendus ces derniers dimanches m’ont donné l’occasion de parler de la foi. En méditant l’épisode où Pierre marchait sur les eaux, nous avons vu que croire consiste à s’appuyer sur la Parole de Jésus comme sur la réalité la plus solide. Dimanche dernier, la femme cananéenne avait obtenu la guérison de sa fille parce qu’elle croyait invinciblement en la bonté du Seigneur pour elle. Sa foi ne connaissait pas l’ombre d’un doute ; elle était certaine d’avoir part au salut. Aujourd’hui, il nous est donné d’aborder un autre aspect de la foi : la foi mature du disciple doit pouvoir se dire avec des mots, de façon précise. Regardons ceux de Pierre et son attitude. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Comme c’est limpide ! Des mots qui vont droit au but, prononcés sans hésitation. En outre, Pierre n’entend pas exprimer un jugement strictement personnel ; il veut dire la vérité.


Dès qu’on sort du cercle des disciples, c’est tout autre chose ; On est dans le monde de l’opinion. Or celle-ci est une pensée personnelle qui se base sur l’ouï-dire, sur une expérience lointaine de Jésus ; une pensée qui ramène le Christ au déjà connu, faute de faire l’effort d’accueillir sa nouveauté ; une pensée qui n’engage pas celui qui l’émet. Enfin, une pensée qui n’atteint pas le fond des choses, et donc la vérité. Le signe de cela, c’est que l’opinion est variée. « Pour les uns, tu es Jean Baptiste ; pour d’autres Élie ; pour d’autres encore Jérémie ou l’un des prophètes... »


Permettez-moi donc d’insister : l’engagement de foi des disciples que nous sommes ne peut faire l’économie de la vérité. La foi doit pouvoir se dire avec des mots ; des mots qui ont un sens, qui désignent la réalité : celle que Dieu révèle de lui-même ; des mots qui, avec la grâce de Dieu, disent qui est vraiment Jésus.


Frères et sœurs, les mots qui disent la foi forment nos credo ; ceux-ci n’ajoutent rien à ceux de Pierre ; ils ne font que les prolonger. Nous aurions tort d’y renoncer, car il y a un grand bénéfice à les garder. Quatre que j’ai pu identifier. Le premier bénéfice est pour nous-mêmes. Je puis, sur ce point, vous témoigner de la force qu’on reçoit à dire la vérité, à chanter son credo... spécialement dans la tempête. Le credo nous offre une vérité que la tourmente n’emportera pas. Le deuxième bénéfice est d’augmenter l’honneur de l’Église. Vous le savez, de temps en temps, la foi est objet de moquerie de la part du monde. Elle le serait davantage s’il n’y avait pas de mots pour la dire. Que diraient les hommes si nos doctrines changeaient de siècle en siècle, si elles étaient fluctuantes ? Ils finiraient — assez rapidement — par blasphémer. Ils diraient par exemple que l’Esprit Saint est une girouette, qu’il n’est pas capable d’aider l’intelligence humaine de s’élever au-dessus de la chair et du sang ; enfin, que la vérité religieuse n’existe pas parce que Dieu ne sait pas s’exprimer clairement.


Le troisième bénéfice est pour nos frères en humanité. Avec eux, en effet, nous partageons les mêmes mots. Comme eux, nous parlons d’amour, de liberté, de dignité humaine, de bonheur, de vie et de mort... Précisément — et c’est là la misère de notre temps — le sens des mots n’est plus dirigé vers une réalité objective ; il est ce que chacun lui reconnaît. La vérité devient une notion confuse. C’est pourquoi l’époque risque d’engendrer la déception, de même que le doute de l’homme sur lui-même. Dans ce contexte, la foi doit briller par sa clarté comme une planche de salut pour les amis de la vérité et de la paix. Le quatrième bénéfice est pour Dieu lui-même. Quelle joie, frères et sœurs, il y a pour Dieu d’être honoré par la profession de foi des hommes. D’une certaine manière, il peut se dire : « J’ai été reçu, accueilli et compris par ces hommes que j’ai voulu rejoindre et sauver.


Ces bénéfices témoignent de la force des mots de nos professions de foi. Des mots qui sortent de la bouche des hommes. Que dire alors de ceux qui tombent des lèvres du Seigneur : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. » Gardons-les aussi ces mots ! Et nous saurons qu’on aura toujours tort de parler injustement de l’Église.

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