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Homélie pour le 19ème dimanche du Temps Ordinaire | 07/08/2022 | P.Damien Desquesnes.


Comme les romans que nous lisons sur la plage ou à l’ombre d’un arbre en été, l’Écriture raconte une histoire. Mais quelle histoire ? L’histoire de la foi des « anciens », comme le dit la lettre aux Hébreux dont nous avons entendu un passage en guise de deuxième lecture.


Celui-ci rend hommage en particulier à la foi d’Abraham. Il nous est cher parce que de tout le cortège des croyants, il est le premier. Son attitude est par conséquent exemplaire. Sa foi a été puissante et d’emblée parfaite. Attachons-nous, ce matin, à sa figure et méditons-la. Puisque en ces temps où nous sommes la foi est rare, que cette méditation nous donne de l’assurance et nous permettre de faire l’expérience de la consolation des Écritures.


De cette méditation, retirons trois éléments… Tout d’abord, sachons qu’Abraham a vécu sa foi dans le concret de sa vie. Quand il devient croyant, son existence atteignait son couchant. Il était à ce moment où son désir profond de transmettre la vie rencontrait les limites de la nature. Abraham et sa femme étaient âgés et n’avaient pas d’enfants. La lettre aux Hébreux nous dit qu’il était déjà marquée par la mort. C’est à ce moment-là que Dieu fait irruption dans sa vie et lui fait une promesse, la promesse d’une descendance aussi nombreuses que les étoiles du ciel… Et Abraham se fia à l’appel de Dieu. Il quitta ce qu’il connaissait bien - sa parenté, sa terre - mais qui ne lui offrait aucun avenir. Et il se mit à marcher en tenant compte de la parole divine qui lui ouvrait un avenir, mais un avenir qu’il ne connaissait pas. Abraham, dit la lettre aux Hébreux, partit sans savoir où il allait. Ce fut le début d’une grande aventure ! Un saut dans le vide…


De toute évidence, la vie d’Abraham sortait de la banalité ; elle n’était plus vouée à se fracasser sur une impasse. Mais cet un avantage avait un prix : il fallait qu’Abraham s’en remette à un autre que lui. Son avenir ne dépendait plus de ses forces, de ses capacités, c’est-à-dire de lui-même, mais il allait dépendre de la liberté divine. Tel en effet la difficulté inhérente à la foi : le croyant remet sa destinée entre les mains d’un autre. Quelle audace pour l’homme contemporain si jaloux de son autonomie personnelle ! Faisons un pas de plus. Nous savons également que Dieu tint sa promesse.


Un fils naîtra en effet à Abraham. Et voilà que Dieu vient une fois de plus à sa rencontre en lui demandant de sacrifier ce fils qu’il aime. Ce fut la plus grande épreuve pour la foi d’Abraham, animé d’un profond sentiment d’une contradiction dans la volonté divine. La lettre aux Hébreux nous révèle le sens de cette épreuve. Il fallait que la foi d’Abraham soit déjà une foi en Dieu qui ressuscite les morts. Bien sûr, la foi d’Abraham était une fois en la promesse de Dieu, une promesse qu’Abraham a vu se réaliser dans sa vie personnelle. Mais il fallait également que le mouvement de la vie de foi ne s’arrête pas à combler un désir personnel, si légitime qu’il soit.


La foi devait atteindre l’événement où Dieu exerce toute sa puissance, c’està-dire la résurrection des morts, et en premier lieu celle du Christ. En écrivant aux Romains, saint Paul dit que le Dieu auquel crut Abraham, c’est le Dieu qui appelle le néant à l’existence et qui donne la vie aux morts (Rm 4,17). Enfin, tout ceci veut dire que la foi touche Dieu dans ce qu’il est réellement. Non pas un concept, une idée ou une probabilité, mais Dieu dans sa capacité à tout relever dans sa puissance, y compris celui qui gît à l’ombre de la mort. Le Dieu dans lequel nous croyons est le Père qui a ressuscité le Christ d’entre les morts (Ga 1,1).


C’est dans la résurrection que Dieu montre son vrai visage. C’est dans cet événement qu’il met en œuvre toute sa puissance, qu’il exprime toute la fidélité de son amour à l’égard de l’homme. Frères et sœurs, comme dans le cas d’Abraham, la foi est un acte personnel. Personne ne peut croire à notre place ; aucun parent ne peut croire à la place de ses enfants. Cependant, la foi n’est pas non plus une opinion personnelle : « moi je crois ceci, toi tu crois cela… À chacun sa vérité… » Nous l’avons vu, la foi atteint ce que Dieu accomplit à la plénitude des temps, la résurrection des morts. Tout acte de foi nous y relie. Cela signifie que les croyants appartiennent tous à la même histoire. Voilà pourquoi ils se reconnaissent dans la foi d’Abraham.


Cela a encore une autre conséquence. Si nous avons l’impression que la fois nous marginalise par rapport à notre à nos contemporains, si nous avons le sentiment d’être peu compris, en réalité, nous ne sommes pas seuls. La lettre aux Hébreux dit qu’Abraham et les croyants d’autrefois saluèrent de loin la résurrection. Ils sont morts, tout en l’attendant encore. L’auteur de la lettre aux hébreux nous révèle que Dieu ne voulait pas qu’ils parviennent à la résurrection sans nous. C’est pourquoi nous sommes entourés de leur présence : foule immense de témoins ! Ce matin, et dans la suite de notre vie, prenant appui sur eux, méditons leur vie, imprégnonsnous de leur inspiration, emboîtons leur pas et imitons leur audace… Ils nous feront faire des pas de géant.


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