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Homélie pour le 15E dimanche du Temps ordinaire | 16/07/2023 - Année A | P. Damien Desquesnes.


Je reviens sur cette parole de Jésus que nous avons entendue dans l’Évangile de dimanche dernier : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».


« Ce que tu as caché », ce sont les mystères du Royaume des Cieux que Jésus annonce dès le début de son ministère. Face à eux, nous sommes comme des enfants qui doivent reconnaître comme à tâtons des objets recouverts d’un voile. Le Royaume est là ; il affleure sous la surface du monde visible. Jésus le montre et en manifeste la puissance par des guérisons, par le pardon offerts aux pécheurs, par la libération d’hommes et de femmes de l’emprise d’esprits impurs. Le Royaume apparaît ainsi comme une force de salut, capable de renouveler le monde. Mais, quand on parcourt l’Évangile, on éprouve quelques difficultés à le définir ; on voudrait le voir éclater. Il est là comme une promesse qui doit encore s’accomplir, car on pressent que les guérisons opérées — qui attestent sa présence — ne l’épuise pas.


Dimanche prochain, Jésus tiendra un enseignement qui voudra jeter quelque lumière sur ce Royaume. Cet enseignement consistera en paraboles. Le Seigneur se servira d’images tirées de la vie quotidienne. De ce point de vue, elles ne sont pas difficiles ; mais cette apparence de simplicité est trompeuse. Il apparaît en fait que les images redoublent la ceinture de mystère qui entoure le Royaume. Aussi nous faut-il une clé pour avoir part au mystère du Royaume des Cieux. Et précisément, la parabole que nous venons d’entendre parle de cette clé, de ce passe-partout qui permettra d’entrer dans l’intelligence de l’enseignement du Maître.


Frères et sœurs, de quelle nature est cette clé ? L’on pense d’abord à quelque chose d’ordre intellectuel. Mais cette clé n’est pas un algorithme ; elle n’est pas réservée à ceux qui seraient capables de subtilité d’esprit. La clé est plutôt d’ordre moral. Rappelez-vous le début de la prédication de Jésus : « Convertissez-vous, le Royaume des Cieux est tout proche (Mt 4,17). » La clé, c’est la conversion. Et la parabole du semeur veut préciser quelle est cette conversion. Elle a à voir avec la façon dont nous écoutons. Plus radicalement, la conversion est dans le fait d’écouter : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende (Mt 13,9). » Bien sûr, tout le monde peut entendre les paroles de Jésus. Le semeur n’est pas avare du grain qu’il jette dans son champ ; il ne regarde pas la qualité de la terre où tombe sa semence ; et même, son geste déborde le champ. Rappelez-vous également ce que le Seigneur répond au GrandPretre qui l’interroge : « J’ai toujours parlé ouvertement (Jn 18,20). » Le Seigneur n’a rien caché aux hommes. Cependant, il y en a qui écoutent sans écouter (Mt 13,13).


Encore une fois, l’écoute est bien plus qu’une attention aux mots, mais une attitude morale. L’écoute en effet doit être sérieuse et — j’ose le dire — obéissante. Il convient, quand on a entendu la Parole du Seigneur, de ne pas la laisser s’échapper, mais d’en faire du cas et de lui prêter toute notre attention. Il s’agit encore de la faire descendre en nous, dans notre cœur pour la garder dans la mémoire. Il s’agit enfin de croire en son efficacité — et la première lecture nous rappelle que la Parole divine ne peut pas ne pas avoir son fruit (Is 55,11) — ; par conséquent, l’écoute doit aboutir à une courageuse mise en pratique de la Parole. C’est pour cela que je vous ai dit que l’écoute doit être obéissante.


Celui qui va ainsi jusqu’au boute de l’écoute est comme un enfant malin qui a compris qu’il fallait défaire la première maille de la couverture qui masque les objets qu’il doit deviner. Il lui suffit alors de tirer sur le fil pour que tout se défasse. Il ira de découvertes en découvertes. De même, celui qui met en pratique la parole verra sa connaissance du Royaume s’accumuler sans beaucoup de peine. Il saisira le sens des paraboles de Jésus parce qu’en les lisant il sentira le Royaume grandir dans sa propre vie. Il se réjouira de la promesse d’entrer en possession d’un bel héritage, celui de la vie éternelle.

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