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Xavier Joachim

Homélie pour la fête de Marie, Mère de Dieu | 1/01/2024 | P. Damien Desquesnes

Dernière mise à jour : 3 févr.



Comme je vous l’ai dit en début de célébration, nous sommes arrivés à la fin de l’octave de Noël. Ce jour est également le début de l’année civile. Pourquoi pas méditer sur le temps qui passe ?


Tout homme digne de ce nom devrait être sensible à la fuite du temps ; et, paradoxalement, il s’agit de quelque chose que l’on a tendance à oublier très vite. Peut-être parce qu’il s’agit là d’une drame : personne ne retient le temps de s’écouler ; il nous file comme l’eau entre les doigts. Chaque instant appartient tout aussitôt au passé. La prise de conscience de cela nous donne donc cette idée de l’écoulement du temps comme une prophétie de la mort.


Saint John Henry Newman, dans une sermon prononcé à St-Mary le 1er janvier 1832, rappelle que c’est souvent à l’approche de la mort que l’homme s’éveille à la valeur du temps, qu’il réalise le prix de ce qu’il lui reste, voire qu’il s’épouvante d’avoir gaspillé son temps en le passant à des riens.

Le poète anarchiste Léo Ferré a chanté la tragédie de ce temps qui passe pour tout emporter avec lui : « Avec le temps, tout s’en va… »

Un psaume semble aussi accuser Dieu de placer la vie de l’homme sous la loi implacable du temps. Et il voit dans cette loi l’expression de la colère de Dieu : « Tu fais retourner l’homme à la poussière ; tu as dit : ‘retournez, fils d’Adam’. » Finalement, le psalmiste demande à Dieu la sagesse pour ordonner ses jours. Cette dernière prière nous incite à prendre de la hauteur et à nous demander quel point de vue Dieu a sur le temps.


D’une certaine manière, on peut dire que Dieu a tout le temps — il est éternel — mais aussi qu’il ne le gaspille pas. Il le met au service de sa patience. C’est en effet avec sa patience qu’il rejoint l’homme pécheur.

Souvenez-vous de l’épreuve du jardin d’Éden… Adam et Ève transgressent le commandement divin et se cachent de Dieu quand celui-ci vient le visiter. Ainsi réagissent les pécheurs quand Dieu s’approche d’eux : ils le fuient comme les oiseaux fuient devant nous. Ce n’est qu’en se servant du temps — en usant de patience — que Dieu parviendra à les rejoindre.

Rien de ce que Dieu fait n’est donc fait dans la précipitation ou dans l’agitation. Tout vient à point, en son temps. Et c’est d’ailleurs à la plénitude des temps que son Fils naît d’une femme, la bienheureuse Vierge Marie.

Regardons encore l’Enfant de Bethléem ! Le temps ne lui vole rien. Il cherche à être maître du temps. Je vous l’ai dit, le temps qui passe est une prophétie de la mort et nous cherchons en vain à le retenir. Mais le Christ est né pour mourir. Depuis qu’il est entré dans le temps, il ne pense qu’à son Heure, au moment où il pourra dire : « tout est achevé ». Et il ressuscitera pour inaugurer ces temps qui sont les derniers, les temps où nous sommes : ceux de son salut et de sa miséricorde.


Frères et sœurs, si le drame du temps qui passe nous saisit, c’est peut-être chose salutaire ! Sachez que chaque instant est un moment favorable dont il se sert pour nous sauver. Il est aussi une occasion pour donner de la consistance à nos vies.

Et permettez-moi de vous donner trois conseils pour vous aider à cela.

Premièrement, pensez de temps à autre à votre mort. Cela vous aidera à être attentifs à la valeur du temps et à le pas le perdre en le passant à des bagatelles.

Ensuite, cultivez votre vie intérieure. Soyez présents à Celui qui habite en vous. Demandez-lui de hâter le moment de sa manifestation : « Viens, Seigneur Jésus ! »

Enfin, réalisez qu’avant cette manifestation et le jugement qui s’ensuivra, le temps est un don que Dieu nous fait pour nous donner l’occasion d’agir et de nous convertir. Vous n’aurez pas perdu votre temps en mettant de l’amour à pratiquer vos tâches d’homme, votre devoir d’état comme on le disait autrefois. Car « l’amour ne passera jamais », nous assure saint Paul.

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