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Homélie pour la fête de la Sainte Famille | 31/12/2023 | P. Damien Desquesnes

Dernière mise à jour : 3 févr.



Revenons sur la première lecture et la figure d’Abraham. Vous le savez, dans l’histoire sainte, il est le premier dont la vie a été marquée par la foi. Dieu l’appelle à quitter son pays et sa parenté pour aller vers une terre qu’il lui montrera. Dieu lui fait également la promesse de le bénir et de lui accorder une descendance innombrable. Abraham répondit à cet appel : il crut. Et parce qu’il crut, Dieu estima qu’il était juste.

Remarquons ceci… Chez Abraham, la foi, qui est une attitude religieuse, n’est pas détachée des aspirations profondes que porte tout être humain : aspiration qui existe en lui de par la volonté du Créateur, je veux dire le désir de donner et de transmettre la vie. Nous sentons bien quelle peine cela représente pour celui dont ces aspirations sont frustrées. C’était le cas d’Abraham ; il était âgé et sa femme était stérile, si bien de la lettre aux Hébreux dit qu’Abraham était déjà marqué par la mort…


Je vous dis ces choses, frères et sœurs, alors que notre époque est traversée de doutes profonds au sujet de ces valeurs que l’humanité véhicule dès ses commencements. On estimait autrefois que ces valeurs pouvaient être fondées sur la nature de l’homme et qu’en fait il n’était pas besoin de les justifier. Cependant, paternité et maternité, mariage et famille sont des notions qui se sont éloignées de leur signification spontanées, et cela en à peine deux générations. Cela aussi sans qu’aucune institution se sente assez forte aujourd’hui pour en rappeler la valeur. Au contraire, ce sont les institutions qui s’adaptent à l’évolution dont nous sommes les témoins.


Alors comment donner force à ces valeurs essentielles ? Où peuvent-elles désormais trouver leur fondement ? À vrai dire, il ne reste plus qu’une seule issue… Elles trouveront leur fondement dans le fait que l’homme est promis à plus que lui-même.

Pour expliquer cela, revenons à Abraham. L’appel de Dieu et sa foi n’avaient pas d’abord comme but de lui donner une descendance. Il eut de fait une descendance en la personne d’Isaac, mais celui-ci n’était pas purement et simplement la récompense de la foi.

La foi d’Abraham visait une réalité surnaturelle : la promesse de la résurrection. Et la résurrection dépassait les énergies d’Abraham. La naissance d’Isaac n’était en fait que la première étape de la réalisation de cette promesse, ou plutôt le signe qu’un jour la vie éternelle jaillirait de la mort.

Oui ! Elle jaillira par un Fils qui n’aura pas de fils, qui ne sera pas torturé par la même douleur qu’Abraham, mais qui sera la raison de vivre de tous les descendants d’Abraham et, en réalité, de tout homme ici bas. « Pour moi, vivre, c’est le Christ », dit saint Paul. Aujourd’hui, cette vie est née — nous l’avons contemplée à Noël — ; elle est née pour mourir et ressusciter.


Que répondre à la question : « à quoi bon donner la vie et la transmettre ? »

Il ne suffit pas de dire que c’est par une nécessité sociale ou naturelle. Même si pourtant cette nécessité demeure, cela n’est plus guère entendu.

La foi soutient cette aspiration essentielle de l’homme parce qu’elle nous apprend que le Christ veut être aussi l’aîné d’une multitude de frères, parce que l’amour de Dieu est si abondant que la foule des anges ne suffit pas pour chanter sa gloire, parce que Dieu veut leur associer des êtres de chair et de sang et les rendre aussi beaux qu’eux.

Frères et sœurs, la réponse que je viens de vous donner n’est peut-être pas très convaincante pour nos contemporains. Sans doute faut-il que le monde découvre que Dieu mérite d’être célébré pour lui-même, sans trop nous demander en quoi cela est utile, comme les anges nous l’apprennent à Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » Personne n’est de trop pour faire monter vers Lui pareille louange.


Oui ! Gloire à toi, Seigneur, pour l’abondance et la gratuité de ton amour ; et pour la valeur inestimable que tu donnes à la vie humaine.

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