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Homélie pour la fête de la Pentecôte | 5/06/2022 | P.Damien Desquesnes.


Après son repas de midi, le roi Louis XIV avait l’habitude de faire un tour en voiture dans les jardins de son château de Versailles. Un attelage se tenait prêt à l’emmener. Un jour, il est arrivé que cet attelage est arrivé juste au moment le roi sortait. Celui-ci se serait exclamé : « J’ai failli attendre ». Je dis cela en cette fête de Pentecôte parce qu’il y a un point commun entre Louis XIV et le Saint-Esprit… Celui-ci n’aime pas attendre ; il en est incapable ! Quand il est présent, son action explose.


Quelques exemples… Au commencement du monde, l’Esprit est là qui plane sur les eaux, comme un souffle prêt à porter la Parole de Dieu. Celui-ci émet un commandement, et l’Esprit le fait suivre de son effet : « Que la lumière soit ! Et la lumière fut » immédiatement. Le Seigneur, quand il remonte du Jourdain où il vient d’être baptisé par Jean, voit le ciel se déchirer et l’Esprit venir sur lui sous la forme corporelle d’une colombe. Aussitôt, dit saint Marc, l’Esprit chasse Jésus au désert pour être tenté par le démon. C’est encore le cas au jour de la Pentecôte. L’Esprit fait irruption dans la chambre haute. Il est là ; c’est la tornade. Il se répand sur les Apôtres sous la forme de langues de feu. Aussitôt, ceux-ci sortent du Cénacle et Pierre se met à annoncer l’Évangile de la résurrection.


Le passage que nous avons entendu ce matin ne rapporte pas le discours de Pierre, pas plus d’ailleurs que l’effet qu’il a provoqué chez ces Juifs venus en pèlerinage à Jérusalem. « D’entendre cela, dit saint Luc, dans les Actes, ils eurent le cœur transpercé » (Ac 2,37). Ils demandèrent à Pierre ce qu’il fallait faire pour être sauvés. Les conversions furent nombreuses ce jour-là… De ces exemples, tirons une caractéristique de l’Esprit : la Puissance. Le Saint-Esprit est en Personne la Puissance de Dieu. Puissance qui crée, qui appelle le néant à l’existence ; puissance, comme dit le psaume, qui fait toutes choses nouvelles ; puissance qui détruit le mal et nous défend contre l’ennemi ; enfin, puissance qui rend féconde la parole des Apôtres et celle de l’Église au long des siècles. Ainsi, l’Écriture est-elle remplie du témoignage de la puissance de l’Esprit ! Frères, en vous disant cela, comment ne pas penser à cette remarque que me fit une ancienne paroissienne : pourquoi les miracles, qui sont si abondants dans l’Évangile, sont maintenant si rares ? L’Esprit nous aurait-il abandonnés ? Ou bien, comme le sel qui aurait perdu de sa saveur, se serait-il dégonflé ? Ou bien encore l’Écriture n’est-elle rien d’autre qu’une fable ? Je voudrais vous rassurer. L’Esprit n’a rien perdu de sa puissance. Il est en outre un don - pas un prêt - un don que Dieu nous a fait une fois pour toutes, un don qu’il ne reprend pas !


Mais permettez-moi de vous donner deux occasions où l’on peut voir l’Esprit déployer sa puissance. La première est cette liturgie. Toute célébration des mystères du Christ se fait dans l’Esprit. Faisons-en une démonstration par l’absurde… Si nous ne participons jamais à la liturgie, que devient notre foi ? Un chapelet de mots vides de sens. Et la vie chrétienne se réduit à des valeurs morales. Mais, en fait, la foi cesse d’influencer profondément nos pensées, notre jugement et nos actions. Elle ne rayonne pas et ne se transmet plus ; elle en est incapable parce qu’elle ne s’abreuve plus à la source de l’Esprit. Au contraire, l’homme qui participe consciemment à la célébration liturgique se voit imprégné des énergies divines. Il apprend à confesser que le Seigneur, c’est Jésus ; il ne peut pas non plus vivre indéfiniment en ce monde sans accorder son action avec la foi qu’il professe dans les murs de son église. La deuxième occasion est dans le rapport que nous entretenons avec la Parole de Dieu.


Dans le passage de l’Évangile de ce jour, le Seigneur dit que l’Esprit nous fera souvenir de tout ce qu’il a dit, c’est-à-dire de cette Parole que Jésus reçoit lui-même du Père. Frères, chaque fois que nous faisons des compromis avec cette parole, que nous ne sommes prêts à la mettre en pratique qu’à moitié, alors nous faisons attendre l’Esprit, ce que Louis XIV ne pouvait souffrir. En faisant ainsi patienter l’Esprit, on comprend que sa puissance ne se déploie guère. Alors l’amour déserte le cœur ; alors le miracle se fait rare. Au contraire, celui qui accueille la parole et la met en pratique devient vraiment un disciple ; il bascule dans le monde du Royaume et de sa puissance ; il porte un fruit surabondant. Je voudrais terminer ces mots en évoquant une dernière ressemblance entre la Pentecôte et notre rassemblement ce matin. Au cinquantième jour de Pâques, il y avait à Jérusalem des pèlerins venus des quarte coins du monde : Parthes, Mèdes, Élamites, etc…


Nous venons, comme eux, d’horizons différents et l’Esprit œuvre à nous unir dans une foi commune. Je fais le vœu de voir sa puissance se déployer à construire cette unité en mettant la parole en pratique. Et il ne faut pas se creuser longtemps pour se demander quelle parole… Souvenons-nous du commandement que le Seigneur nous a laissé : celui de l’amour du Dieu et du prochain. Les Apôtres, dans le Nouveau Testament, ont décliné celui-ci selon les circonstances que rencontraient les premières communautés. Il me vient en tête ce que saint Jacques avait à cœur : ne pas faire acception des personnes. Bien sûr, nous rencontrons ici des gens qui nous sont proches par l’affection et c’est normal d’aller vers eux. Mais le Seigneur nous donne des frères à accueillir et que nous ne connaissons pas. Ne laissons pas passer l’occasion de leur tendre la main pour que la puissance de l’Esprit fasse de nous les membres d’un même corp


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