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Homélie pour la fête de l'Assomption - 15/08/2024 | P. Damien Desquesnes


Dans nos églises comme dans nos maisons, deux signes ne manquent jamais : la croix et la Vierge à l’enfant.

La croix, c’est le grand signe ! Celui qui résume tous l’Évangile : « Nous proclamons, dit saint Paul, un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens ». La croix manifeste en effet que la voie religieuse où nous marchons est différente de toutes les autres. À cause d’elle, nous ne pouvons pas dire que toutes les religions se valent, comme si elles étaient des chemins différents pour atteindre un même sommet.

En outre, la croix est un signe de grande fierté pour nous. En effet, par sa chair crucifiée, le Christ a détruit la puissance du péché et de la mort. La croix est donc un signe de victoire. Et à cause de cette victoire, le Christ règne ; il est notre roi ! C’est ce qu’évoque la deuxième lecture que nous avons entendue ce matin.


Il y a un deuxième signe : celui de la Vierge qui enfante. Tournons notre regard vers lui ce matin sur ce signe. En cette fête, il mérite toute notre attention.

À première vue, il est plus « doux » que le signe la croix. Mais il reste un « signe grandiose », comme le dit l’Apocalypse. S’il va droit au cœur, il y a en lui quelque chose d’aussi « scandaleux » que la croix. Qui peut accepter qu’une vierge devienne mère, et que, une fois devenue mère, elle soit restée vierge de corps et d’esprit ? Cela est déroutant pour nous ? Ce le fut autant, si pas plus, pour Joseph et pour Marie elle-même : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’hommes ? » répond-elle à l’ange Gabriel. Mais Marie s’est ouverte sans réserve à l’irruption de Dieu dans sa vie par la foi : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent redite de la part du Seigneur ! » Que l’audace de la foi de Marie nous aide à vaincre la timidité de la nôtre !

L’objet de la foi est donc quelque chose qui dépasse la pensée humaine : le Messie crucifié et la Vierge qui fonçant. Cependant cette difficulté n’est pas une raison pour que la pensée arrête le mouvement de la foi. S’arrêter risquerait en effet de la priver des fruits de la contemplation. Prenons donc un peu de temps pour fixer et contempler cette Vierge Mère.

Qu’y voyons-nous ? Nous y voyons toute la merveille dont la chair est capable !


Cette chair peut quelquefois pulvériser un record olympique, mais cela n’a en fait aucune espèce d’importance.

Le signe de la Vierge à l’enfant montre que sa chair a été assez pure et noble pour être aussi celle du Fils de Dieu. En tout cas, il n’y a rien eu d’indécent pour le Fils de Dieu de recevoir sa chair — toute sa chair — de cette fille de Nazareth.

Il y a encore une autre merveille dont la chair est capable. En contemplant la Vierge et son Enfant, nous reconnaissons que Dieu a créé la chair pour la revêtir de beauté. Et cette beauté, c’est sa propre gloire.

Étonnant, n’est-ce pas ! Étonnant parce que, quand nous pensons à la chair, nous entendons ce « quelque chose » de pesant qui se dégrade. Avant de vieillir, de rendre son dernier souffle pour enfin retourner à la poussière, la chair doit faire l’objet de soins constants. Elle doit être nourrie, soignée, lavée, hydratée d’eau et de crème en tout genre. À mesure que le temps passe, il faut en cacher les misères en la maquillant, en la parfumant, etc.… Cette décrépitude de la chair, nous la pensons inéluctable tant l’expérience de sa dégradation est universelle et nous impressionne. Et c’est aussi pour cela que nous avons la nostalgie de la jeunesse.

Mais l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie doit éteindre cette tristesse. Avec assurance, l’Église — tout le peuple chrétien — proclame que la chair de Marie n’a pas connu la corruption mais, qu’à la fin de sa vie sur la terre, elle est entré dans la gloire du ciel avec son âme et son corps. Chez elle, nous voyons déjà réalisée la destinée de notre propre chair : sa résurrection.


La croix et la Vierge qui met au monde un petit enfant sont donc les signes les plus représentatifs de notre foi. Nous ne pouvons pas nous passer d’eux pour dire notre espérance tant ces signes sont puissants. Il en va de même pour l’Eucharistie : elle nous montre encore tout ce dont est capable la chair du Seigneur. Elle est promesse de la résurrection au dernier jour. Nous l’entendrons encore dimanche prochain : « Qui mange ma chair et bois mon sang à la vie éternelle ; et moi je leur ressusciterai au dernier jour. »

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