C’est la coutume qu’après son ordination un jeune prêtre revient dans sa paroisse d’origine pour y célébrer une première messe. Ce fut le cas pour moi le 15 septembre 2002. Comme Jésus dans la synagogue de Nazareth, j’ai fait l’expérience que tous avaient les yeux fixés sur moi, bien que ce ne fût pas mon meilleur sermon…
Aujourd’hui en effet, Jésus se rend dans le village où il a grandi ; et, pour la première fois, il commente l’Écriture. Il y a cependant une différence entre le premier sermon de votre serviteur à sa première messe et celui de notre Seigneur. Le mien, c’était une suite de mots plus ou moins bien articulés. Le commentaire de Jésus, c’était lui-même ; ce qu’il va vivre, ce qu’il va être au milieu de nous. Tout ce que Jésus fera et enseignera, tout son parcours de vie manifesteront la vérité des paroles des prophètes. Nous comprenons en effet tout ce que Dieu nous a révélé dans les temps anciens quand nous réalisons que cette révélation conduit à Jésus, qu’elle nous prépare à lui, qu’elle annonce déjà son mystère : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». On pourrait paraphraser le Seigneur en lui faisant dire : « Et peu à peu, tout au long de ma mission, vous verrez s’accomplir en moi non pas tel passage en particulier, mais l’entièreté de l’Écriture ».
Cela n’a pas forcement sauté aux yeux des apôtres et des disciples. Ils ont dû apprendre à faire ce lien entre les paroles des prophètes et la vie du Maître. Mais Jésus lui-même les y a aidés. Souvenez-vous qu’après la résurrection il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures (Lc 24, 45). Ce fut pour ses compagnons une lumière et une consolation (Rm 15,4).
Je profite de l’occasion, frères et sœurs, — c’est aujourd’hui le dimanche consacré à la Parole de Dieu —, pour vous encourager à y jeter de temps en temps un œil dans les Écritures. (C’est ainsi que l’homme du Nouveau Testament appelait l’Ancien).
Si cet Ancien Testament vous semble énorme, lointain par le temps et sa culture, ne vous découragez pas. Laissez-moi vous donner ce conseil : commencez par les grandes figures… celles des patriarches Abraham, Isaac et Jacob ; des législateurs comme Moïse et son assistant Josué ; de Samuel et David ; du prophète Élie et de son successeur Élisée. Sans oublier les femmes comme Esther, Judith et Ruth. La Bible y consacre un livre entier pour chacune d’entre elles.
Ce sont des histoires ! Et comme le dit l’émir Ben Kalish Ezab dans Tintin au pays de l’or noir : « J’aime beaucoup les histoires » (page 35). C’est le cas en effet du père d’Abdallah, celui des enfants, le mien aussi, et, si vous avez encore en vous un cœur d’enfant, ce doit être également le vôtre.
Ne vous attardez donc pas sur le rituel de la purification d’un lépreux, ni sur les généalogies que l’on trouve au début du premier livre des Chroniques.
Mais ne lisez pas non plus ces histoires d’un coup. Ce ne sont pas des romans de gare ! Allez-y par petits morceaux : des petits passages dont on prend de temps de jouir et de savourer. Ceux-ci vous enrichirons en leur temps. Ils vous découvriront l’ampleur du mystère de Jésus et la profondeur de son enracinement dans l’histoire des hommes. Peu à peu, vous pourrez rapprochez votre propre histoire personnelle de celle du Christ.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi, dit Jésus dans la synagogue de Nazareth, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la libération… annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. »
En cette année favorable — je veux dire en cette année jubilaire — puissions reconnaitre et confesser que cette parole de Jésus, elle s’accomplit dans nos vies. Ainsi nous aurons l’assurance de ne jamais manquer de l’onction de sa miséricorde.
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