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Homélie du 7E dimanche du Temps ordinaire - Année A | 19/02/2023 | P.Damien Desquesnes.


Dans le passage d’Évangile de dimanche dernier, Jésus invitait ses disciples à mesurer la portée de la loi divine, à l’accomplir parfaitement, à la vivre du fond du cœur. Dans l’esprit de Jésus, ne pas commettre de meurtre signifie plus que s’abstenir d’ôter la vie d’autrui. Cela veut dire également combattre les pulsions de la colère, l’envie de prononcer une insulte ou toute autre parole assassine.


Et si nous y réfléchissons bien, nous pouvons admettre comme parfaitement recevable pareille exigence. En effet, puisque le Christ habite en nous depuis notre baptême, la vie morale doit tenir compte sans cesse de sa présence ; elle doit être l’expression d’un cœur pur.


Mais aujourd’hui, le Seigneur va beaucoup plus loin que cette exigence ! Il demande d’aller à l’encontre d’une conception spontanée de la justice : l’amour des ennemis. C’est là une originalité de son enseignement, un joyau de l’Évangile et, sans doute, une marque de sa perfection. Mais c’est aussi une croix !


J’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes qui ont eu de vrais ennemis dans leur vie et qui m’ont avoué ne pas pouvoir dire : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »


Oui, c’est une croix pour un disciple de Jésus d’être écartelé entre, d’une part, l’appel du Christ à la perfection, à la sainteté, à une vie sans défaillance ; et, d’autre part, ce que nous sommes capables d’atteindre, c’est-à-dire pas grand-chose.


Mais parce que cette croix serait pénible, il ne faudrait pas renoncer à la porter, par exemple, en se contentant d’une perfection au rabais… Gardons toujours à l’esprit cet appel de Jésus : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». N’y renonçons pas ! Cet appel est beau et nous sommes appelés à y répondre en engageant toutes nos forces… même s’il semble impossible… du moins impossible tout de suite ou sans être tombé souvent… et certainement impossible sans lui : « sans moi, vous ne pouvez rien faire » et certainement pas être parfait ! Sans Jésus, en effet, il est impossible d’être parfait, d’être vraiment les enfants de notre Père des cieux, parce que lui seul se comporte vraiment comme le Fils du Père. Nous le savons, il est Fils de toute éternité ; il a vécu dans notre histoire, marquée par le mal et la violence, comme Fils de Dieu, comme Fils obéissant à Dieu, comme Fils rendu parfait par son obéissance. En particulier, Jésus a montré qu’il est Fils du Père notamment par son attitude à l’égard de ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » ; et encore, quand il est giflé par le serviteur du Grand-Prêtre : « Si j’ai mal parlé, dis-moi en quoi ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »


Toujours, devant ses ennemis, Jésus a fait preuve d’une immense patience ! Mais il y a plus encore… Jésus n’est pas seulement devant nous comme un exemple. Il est aussi celui qui a la puissance de nous rendre parfaits ; de faire de nous des enfants de Dieu ; des hommes et des femmes capables de pardon.


Et sa Puissance s’exerce en nous quand nous faisons l’expérience de sa patience à notre égard ; quand, après avoir épuisé nos forces, nous nous relevons dans son amour ; quand nous réalisons la dette de miséricorde que nous lui devons toujours.

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