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Homélie du 5è dimanche de Pâques | 25/02/24 | Abbé Jérémie Kalumire


Le dimanche dernier était le dimanche du Bon Pasteur. Aujourd’hui, cinquième dimanche de Pâques, l’enseignement se focalise spécialement sur la relation qui relie les bons disciples au Christ, c’est-à-dire ceux qui demeurent en Lui pour porter beaucoup de fruit.

 

L'emploi du verbe «demeurer» (menein) est particulièrement fréquent dans les écrits johanniques (évangile et épîtres): il y revient 67 fois, alors qu'on ne le trouve que 12 fois dans la tradition synoptique et 17 fois dans le corpus paulinien. Chez Jean, «demeurer» fait partie le plus souvent de l'expression composée «demeurer dans» (47 fois sur 67). Ainsi, «Demeurer dans» exprime un aspect essentiel de la foi profonde et de l'expérience religieuse du chrétien. Le chrétien est appelé à rester (en un lieu), à s'établir, à habiter, à loger, à résider, à séjourner, à vivre en Jésus.

 

La deuxième lecture explique comment demeure-t-on en Dieu : « Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »  Or, « voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. » La dimension verticale de la vie chrétienne, qui est la vie de la prière et de l’écoute de la Parole de Dieu, se répercute nécessairement dans la dimension horizontale, celle de la charité.  Jésus avait dit à ses disciples : « A ceci, tous reconnaitront que vous êtes mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns les autres. »  Ainsi, les disciples du Christ se caractérisent par un amour mutuel profond et sincère. Saint Jean nous exhorte à nous aimer pour de vrai : « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »

 

Que signifie pour nous l’expression « les uns les autres » ? En effet, un chrétien isolé est un chrétien perdu. Il n’existe pas de disciple du Christ isolé des autres. Même après une rencontre personnelle extraordinaire avec le Christ ressuscité, Paul avait besoin de Barnabé, des apôtres, des frères et sœurs qui l’accueillent dans l’Église. C’est ensemble que nous formons la vigne, corps du Christ. Détachés les uns des autres, nous nous détachons du Christ! Les sarments détachés se dessèchent et brûlent, sans porter de fruit. Pour que la parole et la vie du Christ fassent de nous d’authentiques disciples, il nous faut demeurer « attachés » les uns aux autres, comme au Seigneur. C’est ensemble que nous portons le fruit escompté par Dieu, C’est ensemble que nul défi ne paraît impossible à surmonter.  Notre relation à Jésus vit et se nourrit de la relation de tous les autres sarments à la vigne.

 

Quelle attitude adopter pour les gens de l’extérieur ? Comme Barnabé, dont le nom veut dire « l’homme du réconfort », un homme très accueillant puisqu’il accepte rapidement de faire confiance à Saul, ce nouveau converti mais ancien ennemi public numéro un des Chrétiens, le croit sur parole et plaide sa cause auprès des disciples, nous sommes appelés à devenir accueillants, ouverts, bâtisseurs, unificateurs… Seul, Saint Paul ne deviendrait jamais disciple du Christ qu’il avait rencontré sur le chemin de Damas. Le doux souvenir de la rencontre se serait desséché avec le temps, et ce nouveau sarment aurait péri sans porter de fruit.

 

Seigneur, donne nous la grâce de demeurer en Toi, greffé à ta vigne où l’air de famille ne tient pas aux classes sociales, culturelles, géographiques, mais bien à l’Esprit reçu – l’Esprit du Christ – qui se manifeste par des gestes bienveillants envers les autres. 

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