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Homélie du 2è dimanche de carême | 25/02/24 | Abbé Jérémie Kalumire


Le temps de Carême nous renvoie habituellement aux 3 P du carême : Prière, Pénitence, Partage. En effet, pourquoi doit-on prier, jeûner, faire l’aumône ? C’est pour bien se préparer à Pâques. Carême n’a pas de sens sans l’ouverture à Pâques. Ce que veut dire « ressusciter d’entre les morts » est le mystère fondamental et essentiel de la foi chrétienne. Partant de son œuvre salvifique, Dieu mérite bien d’occuper la première place dans la vie de tout croyant qui est invité  à L’aimer et à L’écouter.


Ainsi, la personne d’Abraham dans le passage du texte de la « ligature d’Isaac »,  dont le nom veut dire « l’enfant du rire », « l’enfant porteur de la promesse », nous fait découvrir que même dans les épreuves de la vie, nous ne devons pas ligaturer l’espérance, la foi, et continuer à croire que, d’une manière qui nous échappe peut-être, mais d’une manière certaine, Dieu est présent dans nos vies. La vie chrétienne n’est pas un chemin sans issue. Par contre, elle est une voie vers la vie : « Je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer… » dit l’ange à Abraham, lui qui craint Dieu et qui ne lui refuse rien, lui qui reste fidèle et confiante à la Parole de Dieu, même dans les épreuves.


En effet, on sait que Dieu refuse absolument les sacrifices humains : Il suffit de lire Exode 18,20 : « Tu connais les commandements : Ne commets pas d’adultère, ne commets pas de meurtre, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère. » ou Deutéronome 18,10 : « On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu » ou encore Jérémie 19,5 : « Ils ont édifié les lieux sacrés du dieu Baal, pour consumer par le feu leurs fils en holocauste à Baal : cela, je ne l’avais pas ordonné, je ne l’avais pas dit, ce n’était pas venu à mon esprit ! » Ainsi, contrairement à une pratique des sacrifices humains chez les peuples voisins d’Israël, Abraham a découvert qu’« offrir son fils Isaac en holocauste » signifie ne jamais oublier que c’est Dieu qui le lui a donné et que Dieu ne veut jamais la mort de l’homme, sous aucun motif. Par contre, c’est Dieu qui est prêt à livrer son propre Fils pour sauver l’humanité…


Ainsi Saint Paul,  dans la seconde lecture, adresse à des chrétiens persécutés des paroles d’espérance et de réconfort : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?  Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous…» Malgré les épreuves qui les accablent, il les invite à une confiance totale en Dieu.


Le Psaume 115 revient sur l’expérience de l’esclavagisme du peuple hébreu en Egypte et de sa libération.  Alors que Pharaon avait promis la liberté Dix fois, seul Dieu, par son envoyé Moïse, avait fini par intervenir pour libérer son peuple des chaines. Ainsi, ce peuple témoigne : « (Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert,) moi qui ai dit dans mon trouble : l’homme n’est que mensonge. Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? (verset 12). Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi dont tu brisas les chaînes ?...  Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens !».


Ce témoignage constitue pour nous un motif d’espérance et une bouée d’oxygène pour nous engager dans notre monde aujourd’hui en brisant chacun à son niveau les chaines de péché, de l’injustice, des guerres, de l’exploitation de l’homme par l’homme, etc. En plus de prier pour la paix comme nous le recommande le Pape François, devenons des artisans de paix et de solidarité autour de nous !


Et chacun de nous sait que, même apparemment libre, on peut se forger des chaînes. Nous sommes invités, chacun, à rentrer dans nos vies pour détecter les chaines qui nous détiennent loin de la volonté de Dieu et nous laisser libérer par la grâce que Dieu nous donne à travers ce temps de carême et par le sacrement de réconciliation auquel nous sommes conviés.  


Enfin, l’Évangile qui nous est proposé, en plein deuxième dimanche de carême, est le récit de la Transfiguration où le Christ apparait plein de gloire. Le message est de montrer à tout disciple que le même Christ qui va être  défiguré, frappé, humilié, tué est toujours le fils bien-aimé. C’est lui qui donne sa vie par amour. La vie chrétienne est une vie d’amour jusqu’au sacrifice. Ainsi, nous trouvons deux moments significatifs dans ce récit de transfiguration : la montée et la descente. Toute montée sur la montagne, toute rencontre avec Dieu dans la prière, dans la retraite,  est suivie, après nous avoir transformés, d’une descente dans la plaine pour rejoindre le monde dans ce qu’il vit. Nous sommes envoyés pour être les témoins et les messagers de l’espérance qui nous anime, aller à la rencontre de  ceux et celles qui sont accablés par le poids du fardeau, des maladies, des injustices, de l’ignorance, de la pauvreté matérielle et spirituelle.


Temps de carême, temps de transformation, de conversion, d’approfondissement de notre foi et de partage. Si nous accueillons Jésus, ce n’est pas pour le mettre en poche. C’est pour rayonner de sa lumière et le transmettre aux autres. La vie chrétienne signifie accueillir Jésus et le donner aux autres.

 


 

 

 

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