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"Bénédiction et intériorité" | Marie, Mère de Dieu | 01/01/2023 | P. Sébastien Dehorter


chers frères et soeurs,

La première lecture est une formule de bénédiction qui apparaît dans le livre des Nombres au moment où Israël va reprendre sa marche dans le désert. Nous avons tous besoin d’être bénis pour vivre, pour continuer à avancer dans ce monde. La bénédiction peut être perçue comme un redoublement de l’acte créateur, une confirmation de l’être dans la bonté - en réponse à ces questions qui reviennent si souvent dans nos cœurs : « suis-je digne d’exister ? Suis-je aimable, aimé ? Suis-je une bonne personne ? »

La bénédiction est présentée comme une rencontre avec le visage de Dieu : Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage et qu’il se penche vers toi. Que le Seigneur tourne vers toi son visage.

C’est bien l’une des grâces de la crèche : contempler le visage de Dieu et, plus encore, laisser Dieu tourner vers nous son visage et nous sourire. C’est ce qu’on fait les bergers : ils sont allés, ils ont vu, ils ont raconté et ils sont repartis dans la louange. De même, nous tous qui sommes à la recherche (inquiète) de cette confirmation dans l’être, nous pouvons la recevoir à la crèche.

Ensuite, à partir de ce visage unique – le plus beau des enfants des hommes, comme dit un psaume – nous comprenons une des missions de l’Eglise en ce monde, comme une diffraction de ce visage unique dans les multiples visages qui la composent. Et cette mission est double : apprendre à regarder mais aussi à se laisser regarder.

Chacun de nous est porteur d’une bénédiction.

Chacun de nous est porteur d’une bénédiction. Refuser cela, ce n’est pas de l’humilité, mais au contraire une terrible révolte contre Dieu. Mais qu’en faisons-nous ? Est-ce que nous la laissons jaillir, est-ce que nous sourions, est-ce que nous ouvrons nos mains et nos cœurs ?

D’autre part, apprendre à regarder. A la fin de son livre L’Eglise, des femmes avec des hommes, A-M. Pelletier rapporte cette anecdote. Alors qu’il visitait l’Algérie, le card. Tauran, au sortir d’un déjeuner, aperçut une Petite Sœur des Pauvres « qui était au pied d’un vieillard qu’elle soignait. "C’est cela l’Église !", s’exclama-t-il alors devant l’ami qui l’accompagnait ». Je dirais : « c’est doublement cela » : à la fois, cette femme qui soigne un vieillard, mais aussi ce cardinal (cet « homme d’Eglise ») qui voit cette femme et qui, par sa parole, la fait sortir de l’ombre, et, d’une certaine manière, l’encourage et la bénit. Cette mission de bénédiction, de confirmation dans l’être, en aussi celle de l’Esprit Saint, selon ce que dit saint Paul aux Galates. Ce sera mon premier vœux : apprendre à bénir et à recevoir la bénédiction des autres, regarder le visage du Christ et offrir son visage au monde, regarder, sourire, faire jaillir l’Esprit.


Quant à Marie, elle retenait et méditait tous ces événements dans son cœur, plus littéralement : elle les gardait ensemble et les symbolisait (les « jetait-ensemble ») dans son cœur. Marie est maîtresse d’intériorité et face aux temps troublés qui s’avancent, seules les personnes qui auront creusé leur intériorité tiendront bon. Comment faire cela ?

La mémoire est la porte d’entrée de notre intériorité

A la suite de Marie, il s’agit d’abord de « garder ensemble » et pour cela ne pas oublier. La mémoire est la porte d’entrée de notre intériorité ; elle transforme le temps fractionné en histoire et fait converger l’histoire vers l’éternité. C’est un exercice continu : faire mémoire de sa journée, de sa semaine, de son année.

Mais cette mémoire est active, elle « médite », autrement dit, elle symbolise, jette les souvenirs les uns contre les autres, jongle avec eux, de manière à ce qu’ils puissent s’éclairer mutuellement. C’est souvent après coup que des détails, au premier abord insignifiants, acquièrent de l'importance. Si le monde manque d'espérance, c'est qu’il manque de mémoire.

Car tous ces événements sont des « paroles-événements », non pas des faits bruts, mais des histoires qui parlent et à travers lesquelles Dieu me guide et me conduit.

Creuser son intériorité à la suite de Marie, c’est faire de son cœur une bonne cave où l’on pourra de temps en temps inviter ses amis.


Que le Seigneur nous donne ces deux grâces, celle de la bénédiction et celle de l’intériorité, nous serons alors les hommes et les femmes de paix dont le monde a tant besoin au seuil de cette nouvelle année.

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