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4E DIMANCHE DE L'AVENT | P. Damien Desquesnes | 20/12/2020




Nous voilà aux portes de Noël. L’Évangile nous raconte les événements qui précèdent de quelques mois la naissance du Sauveur : l’annonce de l’ange Gabriel à Marie. Vierge, celle-ci va concevoir un enfant. Il sera fils de David, Fils du Très-Haut ; il sauvera son peuple de ses péchés. À bien y regarder, il y a dans les paroles de l’ange, tous les « ingrédients » de notre foi ; et Marie est la première à y adhérer.


Ce matin, je voudrais m’arrêter avec vous à un élément du texte, un petit quelque chose qui n’a l’air de rien : « l’ange entra chez elle » (Lc 1,28)… L’ange Gabriel vint donc trouver Marie dans sa maison. Les peintres de tous les temps se sont plu à imaginer la maison de la sainte Vierge, son jardin, selon la mode de leur époque. Mais le plus important, c’est de garder à l’esprit que Marie était dans sa maison. Sans doute, était-il notoire que, lorsqu’on la cherchait, c’était à son domicile qu’on pouvait la trouver.


Y a-t-il d’ailleurs quelque chose d’étonnant à cela ? Imagine-t-on Marie en train de faire les magasins ou courir après la dernière nouveauté ? Elle était chez elle ! Et à une époque où il n’y avait ni eau courante, ni gaz, ni électricité, ni aucune de ces commodités que nous connaissons, elle devait être occupée à ces mille petites tâches qui absorbaient les énergies de toutes les jeunes filles de son siècle. Je veux parler de ces travaux ennuyeux et faciles qui, selon le mot de Verlaine, constituent cependant une œuvre de choix qui veut beaucoup d’amour.


Frères, ce trait de la vie quotidienne de Marie nous pousse à approfondir notre méditation. Quand nous disons que la Vierge était chez elle, il ne suffit de dire par exemple qu’elle demeurait au 30 de la rue d’en-haut à Nazareth ; il faut entendre qu’en plus d’habiter sa maison, Marie habitait aussi à l’intérieur d’elle-même. Et c’est pourquoi elle ne se fatiguait pas à accomplir la plus petite action à cause de l’amour qu’elle y mettait. C’est même autour de cet amour que s’unissaient en elle toutes les dimensions de son être.


Marie, en effet, n’ignorait pas ces mouvements qui secouent chacun d’entre nous : les passions les plus diverses, la séduction des tentations et la fascination pour la transgression. Elle a senti ces pulsions, leur hurlement, leur revendication et les signes avant-coureurs de leur manifestation. Elle a perçu que consentir à ces mouvements la mènerait à l’extérieur d’elle-même, jamais au bon endroit, risquant d’errer et de ne plus trouver le chemin de la paix et de sa maison intérieur. En un mot, Marie n’a pas voulu débrider ses passions, être menée par elles pour finalement perdre sa liberté. Elle a plutôt laissé à la parole des prophètes le soin et le droit de la façonner. Aussi, quand l’ange entre chez Marie, il convient d’entendre que son inspiration et sa parole trouvèrent immédiatement un chemin jusqu’à son cœur : « Qu’il me soit fait selon ta Parole ».


Frères, je vous dis ces mots à un moment où nous sommes contraints d’habiter plus souvent chez nous. On a beaucoup parlé des conséquences économiques et sociales de l’épidémie. Mais on n’évoque presque jamais cette difficulté spirituelle : en habitant chez nous, il nous faut aussi habiter notre intériorité. Je vous avais dit, il y a quelques semaines, que le confinement est lourd à porter pour l’homme d’aujourd’hui parce que son existence oscille entre le travail et le divertissement et qu’il a parfois été privé de l’un et de l’autre. Cette oscillation va de pair avec le manque d’intériorité ! L’homme contemporain – je parle ici d’une façon générale – n’a pas l’habitude d’habiter avec lui-même. Il fuit ce moment de vérité. Découvrant la puissance de ses passions, il y consent ; il les laisse se développer, soit parce qu’il ne veut pas faire l’effort de mettre de l’ordre en lui, soit parce qu’il y a pris goût et qu’il s’est attaché à elles.


C’est dans cet esprit que le philosophe et mathématicien Blaise Pascal écrivait au XVIIe siècle : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre. »


Pour notre salut et notre joie, Marie y était dans cette chambre ! Au contraire de tant de fils d’Adam, elle n’a pas cherché l’extase dans la matière, dans une jouissance débridée. Elle attendait ; elle a fait de sa vie une attente ; elle a voulu que Dieu – et Dieu seul – comble cette attente, car elle savait que Dieu – et Dieu seul – le pouvait. Qu’elle nous apprenne cet état d’esprit, cette pure ferveur à l’approche des fêtes de Noël. Qu’elle exauce cette demande que font tous ceux qui chantent l’Ave Maris Stella : « Ô Vierge unique, Toi qui es de tous les êtres le plus doux, fais que déliés de nos péchés, nous soyons doux et chastes ».

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